Monsieur Jacques TOUBON
Défenseur des droits
3 place Fontenoy
Libre réponse 71120
75342 PARIS cedex 07
Objet : saisine du Défenseur des droits pour pratique discriminatoire en raison de l’orientation sexuelle concernant le film « Mario » à Cannes .
Monsieur le Défenseur des droits,
ADHEOS, Centre LGBT Poitou-Charentes, est habilitée de par l’objet de ses statuts à accueillir, informer, orienter, défendre toutes personnes victimes de discrimination.
Nous avons été alertés par de nombreux adhérents et internautes particulièrement choqués et scandalisés que l’on puisse encore, en 2018, constater que le film « Mario » puisse faire l’objet d’une pratique discriminatoire liée à l’orientation sexuelle.
En effet, c’est avec une réelle surprise que le distributeur français de « Mario », Epicentre Films, a appris, dans un communiqué publié par le festival de Cannes en mai 2018, que son film était malheureusement retiré de la compétition. Pour justifier cette déprogrammation, le communiqué reste assez vague. Pour autant, la décision ne viendrait pas du festival mais des professeurs chargés d’accompagner les collégiens lors des projections : « des professeurs se seraient opposés à sa projection à cause de certaines scènes qui seraient susceptibles d’heurter leur public. »
Pourtant, la CNC (Commission Nationale du Cinéma) a été très claire dans sa classification : le film est « tous publics » et peut donc être vu par n’importe qui. Il peut être utile de rappeler qu’il ne s’agit aucunement d’un film érotique, voire pornographique comme certains semblent le croire, mais d’un métrage militant contre l’homophobie dans le football. Il s’agirait donc, en effet, d’une décision purement arbitraire et homophobe. Epicentre Films a d’ores et déjà annoncé qu’il condamnait fermement cette décision décrite comme « une mesure discriminante témoignant d’une censure injustifiée d’un autre âge ».
ADHEOS estime que ce retrait par le festival de Cannes n’est pas justifié et relève d’une pratique discriminatoire liée à l’orientation sexuelle, nuisant à la fois au réalisateur et au distributeur du film « Mario », mais également aux politiques publiques et associatives de prévention des LGBTphobies en milieu scolaire par le non-accès à l’information, notamment de la population homosexuelle.
ADHEOS observe que la qualité du film mise injustement en cause par cette pratique discriminatoire ne peut être sujette à débat par des professionnels du Cinéma du festival de Cannes ou des professionnels de l’éducation nationale, la CNC, seule organisation habilitée, ayant été très claire dans sa classification.
Aussi l’association ADHEOS saisit officiellement le Défenseur des droits ce jour par la présente lettre.
Nous restons naturellement à votre disposition pour tout complément d’information et nous vous prions d’agréer, Monsieur le Défenseur des droits, nos respectueuses salutations.
- Le Président d’ADHEOS, Frédéric HAY