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 d’ADHEOS

Yoann Lemaire, président de l’association Foot Ensemble, intervient régulièrement dans des établissement scolaires sur la question de l’homophobie. Pour la première fois, il a décidé d’arrêter sa prise de parole, mi-avril, dans un lycée de l’Aube, après avoir entendu des insultes “terribles et inacceptables”.

Yoann Lemaire intervient régulièrement dans les établissements scolaires ou au sein de clubs de football pour parler d’homophobie. Comme il le fait depuis plus de dix ans, le président de l’association Foot Ensemble était ainsi dans un lycée de l’Aube à la mi-avril pour confronter des jeunes à leurs préjugés sur l’homosexualité.

Une intervention comme il en a déjà fait des dizaines. Pourtant, cette fois-ci, pour la première fois, il a décidé de jeter l’éponge au milieu de sa présentation. “Un groupe de jeunes n’arrêtait pas de m’évoquer que la Bible dit que l’homosexualité, ce n’est pas normal. C’est contre-nature, interdit par leur religion. On voyait bien qu’ils ne savaient pas trop ce qu’ils disaient”, raconte-t-il.

“J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’agressivité, donc c’était assez dur de tenir la salle. Et quand j’ai essayé vraiment d’expliquer un peu plus les choses, j’ai entendu des insultes à mon égard, que je ne citerai pas, qui étaient pour moi terribles et inacceptables.”

Pour la première fois de ma vie dans une intervention, je suis parti. Ce n’est juste pas possible d’entendre ce que j’entends.

Nous sommes quelques jours après les faits et Yoann Lemaire ressent toujours une vive colère. “Ça se passe normalement assez bien. Mais je note que depuis un moment, c’est de plus en plus dur. L’agressivité prend énormément de place.”

Nous avons pu échanger avec un membre de l’équipe pédagogique de l’établissement, qui était présent lors de l’intervention de Yoann Lemaire. Il confirme auprès de nous les faits et se dit surpris et en colère suite à la réaction de certains élèves. Un rapport a été transmis à la direction du lycée afin de prendre des sanctions en direction du petit groupe d’élèves.

“Je n’ai plus la volonté de continuer”

L’homophobie, Yoann Lemaire l’a vécue très directement. En 2009, il raconte dans un livre (Je suis le seul joueur de foot homo… enfin j’étais) comment le fait d’avoir rendu publique son homosexualité a entraîné son départ du club de football de Chooz, dans les Ardennes.

Après des années à tenter de faire changer les mentalités, Yoann Lemaire semble complètement désabusé. “Il y a un moment où vous vous dites pourquoi je fais ça, soupire-t-il. Que l’État se débrouille, que la Région Grand Est qui s’occupe des lycées se débrouille” 

Yoann Lemaire se raccroche aux interventions qui se passent bien. “Parfois ça marche. Vous avez parfois des jeunes qui sont réceptifs et les échanges sont cordiaux, surprenants et agréables. Mais il y a de moins en moins d’associations qui interviennent dans les lycées et les collèges parce que c’est de plus en plus dur.”

Il en vient même à se dire qu’il ne fera plus ce type d’interventions. “Je n’ai plus la volonté de continuer. C’est clair et net. On est des bénévoles, ce n’est pas notre métier. J’ai encore quelques clubs de foot à faire, mais après, on va avoir une discussion pour savoir ce qu’on fait.”

Il considère que les pouvoirs publics ne s’engagent pas suffisamment dans la lutte contre toute forme de discriminations. “Il faut qu’il y ait une vraie politique, c’est-à-dire une vraie envie.”

Ce mercredi 24 avril, il participe à un match caritatif du Variétés Club de France, dont il est membre depuis 2010. Le président de la République Emmanuel Macron sera présent. “Évidemment, je me permettrai d’attirer son attention sur ce problème”, glisse Yoann Lemaire.

“Des sanctions disciplinaires seront prises”, dit le rectorat

Suite à la publication de notre article, le rectorat de l’académie de Reims a publié un communiqué de presse. Il dit “condamne[r] fermement toute attitude et propos discriminants à l’encontre de ses partenaires, de ses personnels et de ses élèves”. Il confirme qu’un rapport a été rédigé au sein de l’établissement et que “des sanctions disciplinaires seront prises dès le retour des vacances de printemps contre les élèves concernés”.

Le rectorat ajoute que “le travail de sensibilisation au respect des autres et de toutes les différences sera renforcé au sein de l’établissement”. L’académie de Reims, qui est compétente pour les départements de la Marne, de l’Aube, des Ardennes et de la Haute-Marne, “compte 210 référent(e)s adultes égalité filles-garçons, soit un peu plus d’une personne par établissement et 30 référent(e)s LGBT”, poursuit le communiqué.

Un chargé de mission académique est également chargé depuis 2019 “d’assurer la promotion de l’égalité filles-garçons et la prévention contre les stéréotypes de genre”.

Source : france3-regions.francetvinfo.fr