NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Les militants de la cause homosexuelle ne savent pas encore ce que décidera la Cour suprême, qui entame le débat les 26 et 27 mars. Mais ils sont sûrs d’une chose : l’égalité des droits finira par s’imposer.
 
Je n’ai jamais vu les défenseurs des droits des homosexuels – ou plutôt de l’égalité des droits – aussi exaltés que ces temps-ci, alors que la Cour suprême se saisit de la question du mariage gay. [Les juges tiennent deux jours de débats les 26 et 27 mars. Ils rendront leur décision fin juin].
 
Ils suivent la situation avec attention, mais ce n’est pas parce qu’ils ont l’impression que l’issue du débat est incertaine. En réalité, c’est tout le contraire. Ils observent la scène avec une confiance totale, qui frôle la certitude : à leurs yeux, quelles que soient les déclarations des juges pendant les audiences de cette semaine et quel que soit leur jugement qui sera rendu dans quelques mois, le dernier chapitre de l’histoire est déjà écrit. La question n’est pas de savoir si le dénouement sera heureux, mais plutôt quand.
 
La situation actuelle est véritablement remarquable pour une raison en particulier : l’impression d’inéluctabilité qui s’en dégage. En très peu de temps, l’opinion publique américaine s’est retournée – nous avons assité à une profonde révolution sociale et politique.
 
Il suffit de regarder l’attitude des républicains pendant les mois qui viennent de s’écouler. Si en 2012, le parti conservateur appelait à un amendement constitutionnel pour interdire le mariage homosexuel, de nombreux républicains éminents – dont plusieurs conseillers proches de Mitt Romney pendant sa campagne – se sont mutinés il y a quelques semaines et ont signé un texte de soutien au mariage gay à l’attention de la Cour suprême.
 
Le soutien d’Hillary Clinton
 
Lors de la conférence annuelle des conservateurs, la Conservative Political Action Conference (CPAC), qui s’est déroulée du 14 au 16 mars, il est devenu évident que ces dissidents ne pouvaient pas être considérés comme de simples exceptions. D’autant que cet événement politique est loin d’être une enclave de modération et de bon sens.
 
Mais comme l’a fait remarquer le journaliste Chris Geidner, qui a couvert la conférence pour le site internet BuzzFeed, "A la CPAC, les opposants au mariage homosexuel se sont exprimés face à une salle quasiment vide, alors qu’il n’y avait pas assez de places assises pour l’intervention des défenseurs de l’égalité des droits". Cette observation faisait partie d’un article titré "A la CPAC, le débat sur le mariage est clos". Sur le site internet Politico, on a pu lire que le mois de mars 2013 resterait sans doute "le mois où la balance politique s’est indéniablement inversée". Cette observation faisait référence aux déclarations officielles en faveur du mariage gay qui ont été faites en moins d’une semaine par le sénateur républicain de l’Ohio Rob Portman et l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
 
Hillary Clinton, il faut le noter, ne s’est pas contentée d’annoncer sa position dans le cadre d’un entretien télévisé ou d’un discours plus général. Elle a posté une vidéo spécifique, dont chaque mot était pesé.
 
Les quatre dernières années ont été véritablement décisives. En 2008, Hillary Clinton et Barack Obama s’étaient publiquement opposés au mariage homosexuel. Il y a tout juste un an, c’était encore la position officielle du président. En revanche, à l’été 2012, la question avait été intégrée au programme du parti démocrate.
 
Défendre le mariage homosexuel, c’est tendance !
 
Il est désormais impossible de faire marche arrière. A la mi-mars, dans un sondage commandé par ABC News et le Washington Post, 58 % des Américains se sont prononcées en faveur du mariage pour tous, alors que 36 % rejettent encore cette idée. Ce résultat est l’exact opposé de celui d’une enquête similaire menée il y a sept ans : à l’époque, 36 % des personnes s’étaient déclarées favorables au mariage gay et 58 % contre.
 
 
A l’approche des audiences de la Cour suprême, on a pu voir à quel point les soutiens en faveur du mariage homosexuel sont variés : plusieurs pétitions, ainsi que des proclamations de solidarité, ont été appuyés par des dizaines d’athlètes professionnels, l’Académie américaine de pédiatrie, des géants des nouvelles technologie, des chaînes de magasins et des compagnies aériennes. Peu à peu, c’est devenu tendance et non plus audacieux de défendre le mariage homosexuel.
 
Ces progrès sont surtout dus à la plus grande visibilité des personnes homosexuelles qui ont eu assez de courage et d’optimisme pour se confier à leur famille, leurs amis et leurs collègues.
 
De nouvelles batailles législatives
 
Les cas examinées par la Cour suprême, ainsi que leur résolution, auront un impact considérable. Si la Cour suprême ne déclare pas anticonstitutionnelle la loi dite de défense du mariage [Defense of Marriage Act], il est impossible de savoir combien d’années supplémentaires il faudra attendre avant que cet abominable texte adopté en 1996 soit annulé et que les couples homosexuels mariés dans les Etats qui autorisent ces unions bénéficient des mêmes droits au niveau fédéral.
 
La Cour suprême pourrait également, lorsqu’elle rendra sa décision sur la constitutionalité de la Proposition 8 [un amendement à la constitution californienne interdisant le mariage homosexuel voté en 2008] accélérer la généralisation du mariage gay au-delà des neuf Etats (et de la capitale fédérale) qui l’autorisent actuellement. Pour l’instant, ce chiffre continue lentement d’augmenter, à mesure que sont remportées de nouvelles batailles législatives et référendaires – un combat qui prend du temps, met les nerfs à l’épreuve et coûte cher.
 
Une chose est sûre, nous nous dirigeons vers une situation plus juste. Le chemin est tout tracé et la tendance est claire. Les juges de la Cour suprême ont le choix : ils peuvent se mettre au service de l’histoire ou rester sur la touche.