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 d’ADHEOS

 La députée UMP «s’excuse» après sa blague sur les «unions avec les animaux», au sujet du mariage homo. Des propos qui reflètent «une vision très réactionnaire de la société», pour les associations
 
 Malgré les explications, le tollé ne faiblit pas contre la «plaisanterie» homophobe de Brigitte Barèges hier. La députée UMP s’est expliquée plus en longueur sur les circonstances de l’incident. Dans un communiqué de presse daté d’hier soir, elle dit avoir «posé dans son propos la question de la pertinence d’adapter systématiquement la loi et les institutions à l’évolution des mœurs», alors que la commission des Lois de l’Assemblée débattait de l’ouverture du mariage aux couples homos. «Elle a poursuivi son raisonnement par l’absurde en se demandant s’il faudrait aussi institutionnaliser un jour le mariage avec les animaux». Une phrase dont elle reconnaît le «mauvais goût» et qu’elle retire à nouveau dans le communiqué.

 
 
La député conteste que ces propos présentaient un caractère homophobe, rappellant qu’elle était, en 2004, rapporteure du texte réprimant les injures homophobes et sexistes. Elle souhaite, selon la formule consacrée, «s’excuser auprès de ceux que (sa plaisanterie) aurait pu blesser car telle n’était pas son intention».
 
Contre-attaque
Brigitte Barèges tente néanmoins une contre-attaque, accusant les députés socialistes de vouloir allumer un contre-feu à l’affaire Dominique Strauss-Kahn. Il veulent «détourner l’attention des déchirements qui traversent leur parti et des pérégrinations judiciaires de leur ex-futur héraut. On voit bien d’ailleurs qu’ils essaient d’exploiter n’importe quelle actualité aussi ridicule soit-elle comme l’“affaire” Lagarde». Pourquoi alors la choisir, elle, comme cible de contre-attaque? Parce qu’elle avait «rappelé aux député socialistes leur silence coupable pour défendre la cause des femmes», croit-elle savoir.
 
Présent hier lors de la séance, Patrick Bloche (PS) précise les circonstances de l’incident: «Brigitte Barèges commence en disant “Nous avons voté le pacs” et là nous protestons, car à part Roselyne Bachelot, personne à droite n’a voté le pacs», explique le député-maire du 11e arrondissement à Rue89. «Puis Claude Goasguen, un des plus furieux adversaires du pacs en 98, intervient (…) pour faire un exposé juridique. Barèges reprend son topo et là, elle dérape, en parlant d’union d’animaux et de polygamie. Ça a été dit distinctement et posément.»
 
Les condamnations pleuvent
Depuis hier, les réactions d’indignation ne cessent d’affluer. Jean-Luc Romero, conseiller régional apparenté PS d’Ile-de-France, se dit «consterné» par ces propos. «Depuis quelques années, l’UMP laisse nombre de ses parlementaires tenir des propos mettant en cause les personnes LGBT à l’image de Christian Vanneste qui n’a jamais été sanctionné par son parti» écrit-il dans un communiqué, demandant à l’UMP «d’exclure enfin ces élus qui déshonorent la République». Les propos sont «pathétiques et vulgaires» pour Christophe Girard, adjoint au maire de Paris Bertrand Delanoë (PS); ils «illustrent bien toute la subtilité et la délicatesse dont elle est capable» selon Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche.
 
Quant aux associations, certaines ont cru «être revenues au siècle précédent», soit au temps du débat sur le pacs, à l’instar de SOS homophobie. «Derrière sa bêtise rance, la phrase de Brigitte Barèges nous rappelle qu’aucun argument sérieux pour interdire le mariage aux couples de gays et lesbiennes n’a jamais été avancé. Que c’est le conservatisme seul qui a toujours été le moteur de l’immobilisme en matière d’égalité des droits» écrit SOS homophobie, qui souhaite «que les élus qui débattront à l’Assemblée nationale (du mariage homo) fassent preuve de dignité».
 
Pas de sanction
«Osez le féminisme», pour sa part, a dénoncé «fermement ces propos qui reflètent une vision très réactionnaire de la société». «Brigitte Barèges a indiqué avoir signé notre appel lancé avec le collectif La Barbe intitulé “Sexisme: ils se lâchent, les femmes trinquent”. Nous considérons cette signature comme nulle et non avenue.»
 
Quant à l’Association des familles homoparentales (ADFH), elle «va étudier toutes les options, y compris judiciaires, pour rappeler que lorsque des propos sont injurieux ou présentent un caractère dégradant à l’encontre d’une minorité, son pourfendeur doit être sanctionné». Ce qui n’a pas été le cas pour Brigitte Barèges, qui a seulement fait l’objet d’une «condamnation» de Jean-François Copé par voie de communiqué.
 
 
MISE A JOUR 16h15: NOUVELLES RÉACTIONS
 
L’Inter-LGBT «condamne très fermement ces propos qui tendent à banaliser l’homophobie et attend des excuses de la part de la députée». L’interassociative «attend de la part du président de l’Assemblée nationale toute la fermeté nécessaire pour éviter que de tels dérapages se reproduisent lors du débat en séance publique».
 
Le Collectif contre l’Homophobie estime que «ces propos injurieux et outranciers montrent que l’UMP n’a pas rompu avec ses vieux démons, surgis sur la scène publique à l’occasion des débats parlementaires sur le PACS en 1998-1999». Le Collectif «demande solennellement à Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP de la sanctionner comme il avait sanctionné, à juste titre, Josiane Plataret, candidate suppléante UMP aux cantonales de mars 2011 en Ardèche pour des commentaires racistes sur les Arabes et les Musulmans diffusés sur sa page Facebook».
 
La Fédération LGBT «rappelle qu’il est plus que pertinent d’adapter les lois et les institutions à l’évolution, non pas des mœurs, qui renvoient à une sexualité mal digérée pour celles et ceux qui les évoquent, mais à l’aspiration légitime des citoyens à l’égalité. Brigitte Barèges devrait avoir appris qu’elle utilise le même raisonnement que ceux qui se sont opposés, en leur temps, au droit de vote des femmes, à l’égalité des femmes dans la société, encore loin d’être satisfaisante aujourd’hui.»