Un tribunal russe a condamné vendredi l’une des militantes les plus actives pour les droits des homosexuels, reconnue coupable d’avoir enfreint la loi punissant toute "propagande" homosexuelle devant mineurs, adoptée en 2013 sous les critiques de l’Occident.
"Verdict: 50.000 roubles d’amende (690 euros). Nous allons faire appel", a annoncé sur sa page Facebook Elena Klimova, une journaliste de 26 ans.
La décision du tribunal a été prise à la suite d’une plainte déposée par la Jeune garde (Molodaïa Gvardia), un mouvement de jeunesse soutenant le pouvoir, contre le site, Deti-404 (Enfants-404).
Sur ce site, Elena Klimova publie sous couvert d’anonymat les lettres que lui ont envoyés par des adolescents homosexuels russes, et met à leur disposition des articles, des vidéos, et le numéro de téléphone de psychologues prêts à les aider.
Le nom du site fait référence au message d’erreur standard d’Internet qui s’affiche lorsqu’une page ne peut être trouvée, dressant un parallèle entre ces pages introuvables et la solitude dans laquelle sont souvent plongés les adolescents gays en Russie.
"Grâce à la décision du tribunal, la communauté de Deti-404 risque d’être interdite", s’est félicité dans un communiqué Ilya Podsevatkine, à la tête de la Jeune garde. Le site était déjà dans le collimateur de l’autorité de surveillance des médias, Roskomnadzor, qui avait indiqué en novembre avoir reçu plus de 100 plaintes à son sujet.
Selon Roskomnadzor, Deti-404 peut donner l’idée "que les relations homosexuelles sont meilleures que celles traditionnelles".
Toute "propagande" homosexuelle devant mineurs est punie d’amendes et de peine de prison en Russie depuis l’adoption en 2013 d’une loi qui a soulevé de nombreuses critiques en Occident. Les gay pride sont systématiquement interdites en Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, et où l’homophobie s’exprime souvent ouvertement.
Les homosexuels subissent des violences croissantes, souvent tolérées voire "encouragées" par les autorités, a dénoncé en décembre l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW).
- SOURCE E LLICO