Les élèves de l’Institut d’Agneaux, un établissement catholique de Saint-Lô, ont reçu avec leur bulletin de notes, un communiqué national de l’Apel (association des parents d’élèves de l’enseignement libre) qui prend clairement position contre le mariage pour tous. Un procédé qui a choqué les élèves qu’ils dénoncent sur Facebook.
Ouvert sur Facebook jeudi 3 janvier, le groupe « Contre le mariage triste » comptait hier dimanche 48 membres. En majorité des élèves de l’Institut d’Agneaux de Saint-Lô, assez remontés par l’envoi pendant les vacances et à leur domicile, d‘un communiqué national de l’Apel (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre).
Ce communiqué exprime l’opposition « ferme » de l’association qui revendique 843 000 familles adhérentes, au projet de loi permettant le mariage de personnes de même sexe. « Jusqu’à preuve du contraire, est-il souligné dans ce communiqué, on n’a pas trouvé mieux pour élever un enfant qu’un couple formé d’un père et d’une mère qui s’aiment et qui s’engagent dans une vie commune pour le bien de l’enfant. »
Rupture de civilisation
L’Apel estime qu’une telle loi aboutirait à « une rupture de civilisation », et réclame « une véritable réflexion et une large consultation ». Pas un appel direct à manifester dimanche 13 janvier, mais un message assez clair : « Quel que soit le devenir de ce projet de loi, l’Apel continuera, bien entendu, à remplir sa mission auprès de tous les parents qui font le choix de l’Enseignement catholique. »
Mise en garde du ministre
Cette lettre accompagnait le bulletin de notes du premier trimestre. « Il semblerait que seuls les élèves de Terminales en étaient destinataires, indique l’un d’eux, en section littéraire. Qu’est-ce que cela veut dire ? » Pour en parler, l’une de ses condisciples a créé un groupe dédié sur Facebook. Depuis, sa cinquantaine de membres cherche à comprendre : « C’est un message subliminal sans doute ». Et de supputer que cet envoi avait pour but « de ramener du monde à la manif ! »
Mise en garde de Peillon
Cette démarche intervient alors que le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon a demandé aux recteurs d’académie « de veiller à ce que les débats ne se traduisent pas par des phénomènes de rejets et de stigmatisation homophobes […], notamment dans les établissements privés sous contrat d’association ».
Mise en garde découlant elle-même d’un courrier courant décembre du secrétaire général de l’enseignement catholique, Éric de Labarre, invitant les chefs de ces établissements à prendre « les initiatives adaptées pour permettre à chacun l’exercice d’une liberté éclairée à l’égard des choix aujourd’hui envisagés par les pouvoirs publics ».
Contacté ce week-end par nos soins pour évoquer la question, le directeur de l’Institut, Laurent Lechapelays, n’a pas répondu à notre sollicitation. Quant aux élèves, certains craignent que cette lettre ne génère dès ce matin de rentrée au sein de l’établissement, « une ambiance bizarre ».
- Source OUEST FRANCE