NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

La Marche des fiertés 2013, samedi 29 juin, à Paris, a un goût particulier pour ses participants. Un goût de revanche d’abord. La manifestation est la dernière d’une série de six défilés nationaux (trois anti-mariage homosexuel, trois pour, y compris la Gay Pride) depuis novembre 2012. Une façon d’avoir le dernier mot ? "Nous n’avons pas organisé de défilé de riposte aux Manifs pour tous depuis janvier, car nous savions que la Marche serait un temps fort", affirme Nicolas Gougain, président de l’Inter-LGBT (Interrassociative lesbiennes, gays, bi et trans).
 
L’Inter-LGBT annonce chaque année un demi-million de participants. La Préfecture de police avait de son côté dénombré 60 000 participants au cortège en 2012, et "plusieurs dizaines de milliers de spectateurs". L’Inter-LGBT attend autant de monde ou plus samedi.
 
Le défilé devrait aussi avoir un goût de victoire mêlé d’amertume. Victoire, parce que les homosexuels ont désormais le droit de se marier et d’adopter. Amertume, car la plupart des homosexuels ont très mal vécu d’une part, l’opposition forte au projet de loi, d’autre part, les déclarations et manifestations homophobes qui ont ponctué les derniers mois.
 
Par ailleurs, alors que certains couples rencontrent des difficultés pour se marier, l’inquiétude pointe concernant l’adoption de l’enfant du conjoint. "Nous ne savons pas comment les juges vont réagir, relève Nathalie Mestre, présidente de l’association de familles homoparentales Les Enfants d’arc-en-ciel. Leur positionnement sera-t-il identique sur tout le territoire ?"
 
"ALLONS AU BOUT DE L’ÉGALITÉ"
 
Les participants auront, enfin, une impression d’inachevé. "C’est une belle loi, mais elle ne prend pas en compte l’égalité complète", lance M. Gougain. La revendication de l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes sera au cœur de la manifestation, dont le slogan est "Allons au bout de l’égalité".
 
Il s’agit pour les militants associatifs de conjurer le risque de démobilisation de leurs troupes, et de remettre la pression sur le gouvernement. L’objectif de l’Inter-LGBT est "d’obtenir un calendrier". Les militants rappellent que la promesse de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes figure dans des documents de campagne signés par M. Hollande.
 
Mais la loi sur la famille, comprenant l’ouverture de la PMA aux lesbiennes, promise par le gouvernement dans un premier temps pour mars, puis reportée à l’issue d’états généraux organisés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui n’auront pas lieu avant plusieurs mois, verra-t-elle le jour ? Sur ce point, les opposants de la Manif pour tous ont gagné leur pari.
 
Le terrain est miné et le gouvernement ne semble pas près de s’y risquer. "Il n’est pas opportun de relancer ce débat aujourd’hui, estime un conseiller du président. Il faut que les plaies cicatrisent." "Nous devons tirer les leçons des mois qui viennent de s’écouler", observe la ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, qui avait dans un premier temps plaidé pour l’inclusion de la PMA dans la loi sur le mariage. "Il faut rassurer les gens et faire un travail de pédagogie. Sinon, le débat risquerait de partir sur de mauvaises bases."
 
Or, les manifestations ponctuelles continuent, les ministres sont toujours accueillis par des opposants quand ils se déplacent. Contrairement à l’année dernière, Mme Bertinotti n’ira d’ailleurs pas à la Marche des fiertés. "En 2012, ma présence signifiait que nous allions réaliser l’engagement 31 , dit-elle. C’est fait. Mais je suis la ministre de toutes les familles." La ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, chargée d’une mission de lutte contre l’homophobie, ne devrait pas s’y rendre non plus, contrairement à l’année dernière.
 
DES DÉPUTÉS PRUDENTS
 
Même les députés socialistes les plus mobilisés, qui avaient renoncé en janvier à déposer leur amendement sur la PMA en échange d’un engagement du gouvernement sur la future loi famille, jouent la prudence. "Le calendrier nous convient", dit-on dans l’entourage du porte-parole du groupe socialiste, Bruno Le Roux. "Vu la mobilisation irrationnelle mais réelle contre le projet de loi, il faut attendre", estime le député du Nord Bernard Roman. Le sujet avait en outre divisé dans les rangs de la majorité.
 
Tout se jouera donc après l’avis du Comité consultatif national d’éthique, rendu à l’issue d’états généraux. Le CCNE s’est déjà prononcé contre cette ouverture, mais son président, Jean-Claude Ameisen, a affirmé que le comité n’a "pas d’avis préétabli" sur le sujet. De quoi nourrir encore quelques espoirs ? "Je ne pense pas que cet avis sera positif ou négatif, mais qu’il consistera en des préconisations, affirme M. Roman. J’espère que les gens convaincus et qui sont des sommités convaincront le président de le faire." Quant à Mme Bertinotti, elle se dit prête à travailler sur une loi famille, comprenant des mesures sur l’adoption, la médiation familiale ou le statut des tiers… avec ou sans la PMA.

De plus en plus de Français approuvent la loi
 
Un mouvement de "décrispation" serait à l’œuvre dans l’opinion au sujet de loi sur l’ouverture du mariage et de l’adoption aux homosexuels, selon les dernières mesures effectuées par l’IFOP. L’approbation de la loi (mariage et adoption ensemble) est passée de 46 % à la mi-avril à 51 % fin avril, pour atteindre 53 % dans une enquête réalisée du 22 au 24 mai auprès d’un échantillon représentatif de 1001 personnes. Le taux d’adhésion parmi les sympathisants UMP est passé de 15 % à 28 %. A droite, l’adhésion au mariage homosexuel et plus encore à l’adoption avait fortement reculé à partir d’août2012.