François Hollande s’est rendu ce dimanche 26 avril au camp du Struthof, seul camp de concentration nazi installé sur le territoire français, à l’occasion de la 70e Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation.
Fondé en 1989, le Mémorial de la Déportation Homosexuelle milite depuis 25 ans pour la reconnaissance par la France de la déportation pour motif d’homosexualité et pour la réhabilitation des Triangles Roses dans la mémoire collective.
Confronté aux propos négationnistes et révisionnistes mais aussi à la vive hostilité de certaines associations d’anciens déportés et/ou d’anciens combattants, de certaines Préfectures et de certaines municipalités, le MDH, Jean Le Bitoux son défunt Président-Fondateur et ses militants n’ont jamais renoncé. Forts du soutien et de l’action résolue de nombreuses associations et militants LGBT partout en France, nous avons mené ce combat aux côtés puis au nom de Pierre Seel, premier et unique déporté français pour homosexualité à avoir témoigné. Nous l’avons fait pour lui et pour tous les autres déportés français pour homosexualité reclus dans l’anonymat et tombés dans l’oubli.
Les premiers acquis sont survenus lorsque Lionel Jospin était Premier Ministre (1997-2002), puis lors de la 60e Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation commémorée sous la Présidence de Jacques Chirac.
Le 26 avril 2001 lors d’une cérémonie aux Invalides, le Premier Ministre Lionel Jospin déclarait : «Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l’occupation contre certaines minorités – les réfugiés espagnols, les tziganes ou les homosexuels.»
Le 24 avril 2005 lors d’une cérémonie sur le Parvis des Droits de l’Homme, le Président de la République Jacques Chirac déclarait : « En Allemagne, mais aussi sur notre territoire, celles et ceux que leur vie personnelle distinguait, je pense aux homosexuels, étaient poursuivis, arrêtés et déportés. »
Fort de ces acquis, nous avons écrit au Président de la République François Hollande, en prévision de cette 70e Journée Nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation, en lui demandant de mettre ses pas dans ceux de son prédécesseur en accordant aux homosexuels déportés leur juste place, au même titre que leurs compagnons et compagnes d’infortune déportés pour d’autres motifs.
Notre requête a été entendue et bien entendue.
– En effet dans l’allocution prononcée au Camp du Struthof, le Président de la République a évoqué les déportés homosexuels et les Triangles Roses.
Cette double mention est à relever et à saluer car c’est la première fois en France qu’un Chef d’État Français évoque nommément les Triangles Roses.
– Avant ce discours, le Président de la République a dévoilé une nouvelle plaque commémorative devant une chambre gaz ; sur celle-ci figurent la mention de déportés Roms, de déportés de droit commun et d’un déporté homosexuel qui furent soumis à des expérimentations par un médecin nazi.
– Cette reconnaissance fait écho au Message du Président de la République à l’occasion du Concert de la Liberté organisé par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation le 13 avril 2015 au Théâtre du Châtelet :
Extrait : « Je rends donc hommage à tous ses combattants, soldats en uniforme ou soldats de l’armée des ombres, qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale ont payé de leur vie ou de leur jeunesse sacrifiée cet engagement. Pourchassés, tués en raison de leurs opinions politiques, de leur religion, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap, exterminés méthodiquement, hommes, femmes, enfants, parce qu’ils étaient juifs ou tsiganes, le martyre des déportés nous rappelle à quoi conduisent toutes les idéologies et les fondamentalismes qui prétendent diviser l’espèce humaine en races, en religions, en origines. »
– Dans le dossier de presse de la Présidence de la République, un passage (page 11) est consacré à la déportation de persécution qui concernait « une population déportée "pour ce qu’elle est", et non "pour ce qu’elle fait". Il s’agit des homosexuels, des témoins de Jéhovah, des tsiganes, et bien sûr des juifs, considérés comme ennemis héréditaires et absolus du peuple allemand. »
– Un autre passage (page 14) présente le camp de concentration de Natzweiler Struthof, où la présence des homosexuels déportés est également mentionnée.
Le MDH remercie le Président de la République François Hollande pour sa prise en compte de la déportation pour homosexualité lors des commémorations de ce 70e anniversaire.
A contrario, le MDH exprime ses vifs regrets suite aux blocages persistants notamment à Tours où le Centre LGBT a été victime d’ostracisme de la part de certaines associations de déportés, suivies par la Préfecture d’Indre et Loire.
Plus globalement, si nous avons relevé avec satisfaction le volontarisme du Président de la République depuis son élection ; nous n’avons à l’inverse que pu déplorer depuis 2012 l’absence totale de prise en compte de ce dossier de la déportation pour homosexualité par les Secrétaires d’État aux Anciens Combattants successifs. Forts des déclarations du Chef de l’État, nous attendons désormais de l’implication et des actions concrètes de la part de l’actuel Secrétaire d’État aux Anciens Combattants.
- Hussein Bourgi Président du MDH