Dans un entretien avec la BBC, Morgan Tsvangirai se déclare prêt à défendre les droits des homosexuels, revenant sur de précédentes déclarations.
Voilà une déclaration qui a pris tout le monde par surprise. Dans un entretien accordé à la BBC, le premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai (photo) s’est dit prêt à défendre les droits des homosexuels s’il est élu lors de la présidentielle de 2012 alors qu’il avait refusé l’année dernière d’inclure ces mêmes droits dans la nouvelle constitution, comme le réclamait à l’époque une association de défense des droits LGBT (lire article).
«C’est un sujet très controversé dans la partie du monde où je vis», a expliqué Morgan Tsvangirai sur la BBC. «Ma position est que j’espère que la constitution garantira la liberté d’orientation sexuelle, tant qu’elle ne dérange personne. Qui suis-je pour définir les opinions de chacun en termes d’orientation sexuelle? Bien sûr, il y a un ressentiment culturel très fort à l’encontre des gays. Mais pour moi, il s’agit d’un droit humain. Les individus doivent être autorisés à faire leurs choix», a-t-il ajouté. Des propos surprenant de la part d’un homme qui se demandait encore en mars 2010: «Pourquoi un homme devrait avoir une relation avec un autre homme quand les femmes représentent 52% de la population?».
«La question de l’homosexualité est étrangère à l’Afrique»
Peu de temps après ces déclarations, le porte-parole de Morgan Tsvangirai a quelque peu nuancé les propos du Premier ministre zimbabwéen, précisant qu’il croyait toujours que «la question de l’homosexualité est étrangère à l’Afrique». «Néanmoins, c’est un social-démocrate», a indiqué Luke Tamborinyoka. «Ce qu’il a dit, c’est que les droits des personnes devaient être respectés tant qu’elles font leurs affaires en privé»
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La sortie du leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) intervient au moment où la Grande-Bretagne, ancienne force coloniale, menace de couper son aide aux pays africains disposant de lois homophobes – une menace diversement appréciée chez les militants LGBT africains, les uns dénonçant un geste salutaire et les autres un acte contre-productif. De son côté, le président sortant Robert Mugabe – 86 ans, dont une trentaine au pouvoir, et candidat à sa succession – s’est pour sa part illustré par ses sorties homophobes ou ses appels à chasser les gays et lesbiennes qui, selon lui, sont «pires que les porcs et les chiens».