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 d’ADHEOS

 Faute de preuve, la justice met fin à une année d’enquête.
 Mais les deux plaignants qui dénoncent un complot politique maintiennent leurs accusations.
 
 Affaire classée, faute de preuve. La justice vient de classer sans suite la plainte des deux policiers municipaux de Cannes qui accusaient leur hiérarchie d’homophobie. «Malgré une grosse enquête de police et le temps considérable que j’y ai passé, je n’ai rien trouvé qui permette de caractériser une faute pénale. Il manque des éléments de preuve», justifiait vendredi le procureur de la République de Grasse dans le quotidien Nice-Matin.

 
 
 

 «Revirement»

 
C’est l’épilogue judiciaire d’une affaire sans précédent, qui avait défrayé la chronique il y a tout juste un an. Conseillés par Gilbert Collard, l’avocat ultra-médiatique, Alain Marty (en photo ci-dessus) et Nicolas Persec, 40 et 37 ans aujourd’hui, avaient profité du 62e Festival de Cannes pour rendre public le contenu de deux plaintes qu’ils venaient de déposer. En conférence de presse, les deux policiers municipaux avaient affirmé qu’ils faisaient l’objet, de la part de certains de leurs collègues et de leurs supérieurs, de brimades, d’insultes et d’humiliations répétées en raison de leur homosexualité.
 
La justice avait alors ordonné une enquête de l’Inspection générale de la police nationale qui a entendu tous les protagonistes supposés de ce dossier. Des dizaines d’heures d’auditions délocalisées à Marseille pour dépassionner l’affaire. Confiant au départ, Nicolas Persec avait perçu, au fil de l’instruction, «un revirement de situation assez surprenant. Les enquêteurs traînaient des pieds. Ils ont laissé dire, lors d’une confrontation, qu’il n’était pas grave d’écrire "tarlouze" sur mon placard !»
 
«Climat syndical délétère»

 
Les deux hommes n’ont donc pas été surpris d’apprendre le classement de leur plainte. «Je m’y attendais», soupire Alain Marty. Chacun désormais flanqué de leur avocat, ils maintiennent toutes leurs accusations et s’estiment les victimes du pot de terre contre le pot de fer. «On s’est attaqué à la Ville de Cannes, une institution politique forte dont le maire est l’ami des puissants», insinue Marty. «Politiquement, il y a du lourd derrière», abonde Persec. Pas de réaction en mairie. «Il n’y a pas lieu de se réjouir, c’est navrant pour tout le monde d’en arriver là», tempère une proche du maire qui rappelle aussi que «cette affaire intervenait dans un climat syndical délétère à la police municipale.» «Une sale histoire de règlements de comptes», paraphrase un proche du dossier.

 
 
Quoi qu’il en soit, les deux policiers n’ont pas l’intention d’en rester là. «Nous allons poursuivre en nous constituant partie civile pour que l’instruction soit confiée à un juge impartial», avance Alain. «Mais pour engager des poursuites, il nous faut avoir accès au dossier de procédure qu’on nous refuse depuis décembre», dénonce Nicolas. Toujours en poste à la brigade de nuit, il côtoie encore certains collègues qu’il accuse d’homophobie : «C’est six ou sept agents sur deux cents à qui je ne parle plus. Ils me défient du regard, mais ils ont compris qu’ils ne devaient plus s’amuser à aller plus loin.» Soigné pour un cancer, Alain Marty, lui, est en convalescence auprès de sa mère à Pau (Pyrénées-Atlantiques). L’un comme l’autre se sentent isolés aujourd’hui: en un an, beaucoup de leurs soutiens se sont volatilisés.