REPORTAGE. Une partie de l’Église protestante accueille sans arrière-pensée les homos. Elle essaie même de leur faire une place dans sa liturgie. C’est la mission d’un groupe de réflexion chargé de proposer de nouveaux rites de bénédiction à ceux qui le désirent.
Samedi 14 novembre, La Maison Verte (une fraternité protestante) organisait un après-midi de conférence/débat sur la bénédiction des couples de même sexe dans ses locaux du 18e arrondissement de Paris. Sous la présidence de son pasteur, Stéphane Lavignotte (ci-contre), deux membres du Groupe de réflexion sur les bénédictions de couples de même sexe étaient invités à faire part de leurs travaux aux côtés de deux théologiens.
Une cinquantaine de personnes a donc assisté à une conférence théologique un peu abstraite. Les deux membres du groupe ont glosé sur les couples dans la Bible et la signification de la bénédiction dans les textes bibliques. Les auditeurs qui s’attendaient à une réflexion pratique sur le comment et le pourquoi des bénédictions ont dû être déçus.
Des rites originaux
Le «Groupe protestant de réflexion théologique sur les bénédictions pour les couples de même sexe» est composé d’une dizaine de membres: pasteurs, théologiens, membres d’Églises et adhérents d’associations LGBT. Il a été mis en place en octobre 2008 à l’initiative de membres de l’association du Carrefour de chrétiens inclusifs. Sa mission: réfléchir à une bénédiction des couples homos qui ne contredise pas l’avis du Conseil permanent luthéro-réformé de 2004. Après une consultation lancée auprès des paroisses de France, le Conseil déclarait qu’«il n’est pas opportun d’envisager un culte de bénédiction qui entretiendrait la confusion entre couple hétérosexuel et homosexuel».
«Il faut maintenant trouver la ou les formules qui respectent ça», explique Stéphane Lavignotte. D’autant plus que la Mission populaire évangélique (dont fait partie La Maison Verte) a autorisé en janvier 2009 «les gestes liturgiques d’accueil et de prière pour un projet de couple homosexuel», à condition que les paroissiens concernés y consentent et que toute confusion soit strictement évitée.
Demandes limitées
«Les demandes de bénédiction de couples homos sont réelles sans être massives», explique Stéphane Lavignotte. Il a lui-même béni deux couples de même sexe cette année. Deux hommes en janvier, deux femmes en septembre. «Nous avons utilisé des rituels spécifiques, empruntés à des traditions anciennes. Il n’y a pas eu d’échange d’alliances par exemple.»
Le groupe entend proposer des modèles de liturgies utilisant des cérémonials «qui pourraient, par exemple, être propres à chaque cas, les couples LGBT ne souhaitant pas forcément une cérémonie similaire à celle du mariage». Il se donne deux ans pour proposer un document aux paroisses. Résultats d’ici à l’été 2010 donc. «Les paroisses seront alors libres de suivre les modèles proposés, de s’en inspirer, d’en inventer d’autres ou de les refuser», conclut Stéphane Lavignotte.
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