Un Français installé à Barcelone et un de ses amis ont été violemment pris à partie sur une plage de la station balnéaire, pourtant réputée pour être très gay-friendly. Il raconte le piège dans lequel ils se sont trouvés coincés.
«C’était très violent, ça aurait pu très mal se terminer». Quelques jours après avoir été attaqué à coups de pierres dans une crique de Sitges, Laurent Vernis, 39 ans, est encore sous le choc.
Fin septembre, ce Toulousain installé à Barcelone depuis 3 ans, et un de ses amis, Roberto, se rendent sur une petite plage de Sitges, station balnéaire au sud de Barcelone réputée pour sa clientèle gay. Coincée entre la mer et une grande paroi rocheuse, la crique est isolée et difficile d’accès. En cette fin d’après midi, Laurent et Roberto sont seuls, lorsque deux individus agés d’une vingtaine d’années commencent à leur lancer des pierres, grosses comme le poing, depuis la falaise qui surplombe la plage. Laurent et Roberto sont pris au piège car ils ne peuvent pas s’échapper.
«Puto maricon!»
«Ils voulaient nous tuer, car ils visaient la tête» raconte Laurent. Pour échapper à ses agresseurs, il se jette à l’eau et commence à nager. En vain: les deux adolescents continuent de lui jeter des projectiles. Roberto resté sur la plage tente lui de se protéger en restant collé à la paroi rocheuse.
Pendant de longues minutes, des insultes s’ajoutent à cette véritable pluie de pierre. «Puto maricon!» (Sale pédé) lancent les deux adolescents. Les deux garçons ont échappé au pire. Devant l’impossibilité de s’enfuir, Laurent appelle au secours jusqu’au moment où un pécheur et un promeneur l’entendent et s’approchent de la falaise. Les deux agresseurs prennent alors la fuite. Le Français a porté plainte pour tentative d’homicide mais les agresseurs n’ont pas été retrouvés.
A Marseille aussi
Quelques jours après cette agression, Laurent a toujours du mal à réaliser ce qui s’est passé. Depuis qu’il vit à Barcelone, il n’avait jamais été victime d’homophobie. «C’est d’autant plus surprenant que l’Espagne est selon moi un pays tolérant et ouvert sur les droits des homosexuels» explique Laurent.
Hélas, les jets de pierres sur les plages homo sont fréquents et concernent les plages du monde entier. A Marseille, sur la plage gay du Mont Rose, Laurent se souvient avoir vu des jeunes lancer des cailloux. «Comme il y a beaucoup de monde, ils s’arrêtent rapidement, ici à Sitges, il n’y avait personne et les pierres étaient beaucoup plus grosses».
Acte isolé
Selon les Mossos d’Esquadra, la police autonome catalane, l’agression dont a été victime Laurent est un acte isolé. Très peu de plaintes pour attaques homophobes ont été déposées à Sitges ces dernières années. Cependant, le phénomène est difficile à évaluer car beaucoup de victimes ne dénoncent pas les attaques ou les insultes dont ils sont victimes, par crainte de dévoiler à leur entourage leur homosexualité.
Malgré cette attaque, Laurent retournera à Sitges, «pour ne pas tomber dans la paranoïa et ne pas donner raison à ses agresseurs».