Faire de la journée contre l’homophobie un événement dans son lycée professionnel, c’est la mission que s’est fixée Anthony, Rennais de 19 ans. Lassé des insultes homophobes, il est déterminé à faire réfléchir et évoluer certains de ses camarades.
La lutte contre l’homophobie n’apparaît pas vraiment comme une priorité pour l’Education nationale. Alors, à défaut d’actions officielles, certains élèves se chargent eux-mêmes de combattre les discriminations en milieu scolaire. C’est le cas d’Anthony, 19 ans, élève en terminale bac pro commercial à Rennes. Il s’est improvisé leader de la lutte contre l’homophobie dans son lycée professionnel, déterminé à ce que la journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai, ne passe pas inaperçue parmi ses camarades. Pour «toucher un maximum de gens», il a concocté un programme spécial, avec des interventions d’associations dans les classes sur le thème de la diversité et une affiche créée pour l’occasion, «pour sensibiliser du monde», placardée dans tout le lycée.
«Elèves lourds»
A la base de cette envie d’agir, le ras-le-bol des réflexions et des insultes homophobes. «L’année dernière, j’étais dans une classe difficile, avec un élève homophobe qui m’a un peu fait suer, raconte Anthony. Au début, je ne réagissais pas à ses remarques, ça me passait au-dessus. Puis j’en ai eu marre et je suis allé voir le prof principal, qui l’a sanctionné. Cette année, j’ai à nouveau deux élèves bien lourds dans ma classe et j’ai encore des réflexions. Il faut que les gens comprennent que l’homosexualité n’est pas bizarre ou répréhensible.»
Quand son idée de créer une journée spéciale contre l’homophobie a germé, Anthony est allé voir une de ses profs, qui l’a immédiatement appuyé. D’abord seul, il est maintenant entouré d’une dizaine d’élèves pour organiser la manifestation, et il bénéficie d’un bon réseau de soutiens: les enseignants, la direction de l’établissement, «avec laquelle tout s’est facilement passé», et même le Conseil Régional de Bretagne, qui supporte sa démarche, «content que l’initiative soit portée par un élève, le seul dans la région».
Questionnaire
En attendant le grand jour et histoire de tester le terrain, Anthony a soumis profs et élèves de son lycée à un questionnaire sur leur perception de l’homosexualité. Si, du côté des enseignants, les réponses sont plutôt encourageantes, certains élèves ont eu des réactions «surprenantes», clairement homophobes, qui ont encore plus convaincu Anthony de l’utilité de sa manifestation.
Pour l’instant, cette journée spéciale ne suscite pas vraiment de remous dans la cour du lycée, mais Anthony avoue être «excité et impatient d’être au jour J.» Et il n’a qu’un seul objectif, plutôt ambitieux: que les interventions dans les classes «parviennent à faire changer les homophobes de point de vue.»