Communiqué de presse – Paris, 06/07/2022
Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre le mariage de sa meilleure amie en Tunisie, Samir s’est vu refuser l’accès à son vol Paris-Tunis. Victime d’une réflexion homophobe de la part d’un membre de la compagnie Transavia, il n’a pas pu s’enregistrer, et accéder à l’avion.
« Pour les gens comme vous, je ne peux rien faire. »
Le 26 mai dernier, Samir, jeune habitant des Hauts-de-Seine, comptait s’envoler pour la Tunisie afin d’assister au mariage de sa meilleure amie.
Arrivé à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), il rejoint le de la compagnie Transavia, avec qui il voyageait ce jour. Mais c’est lors de l’enregistrement que tout dérape. Un bug informatique survient, Samir se dirige donc vers le guichet. Il arrive face au responsable des enregistrements de la compagnie, mais celui-ci refuse de l’enregistrer. « Pour les gens comme vous, je ne peux rien faire », dit-il avec un sourire narquois. « J’étais choqué, je lui ai demandé : Comment ça pour les gens comme moi ? Et il m’a répondu : Vous avez très bien compris, pour les gens comme vous je ne peux rien faire. »
Un acte homophobe « vicieux et subtile », selon Samir
« Je ne suis pas très efféminé, mais je suis habillé de manière colorée, j’ai un arc-en-ciel sur la veste, je porte une dizaine de bagues aux doigts, donc bien sûr qu’il parlait de mon orientation sexuelle, mais il l’a fait de manière subtile, vicieuse, pour que je ne puisse rien dire. C’est ce qui me fait penser qu’on n’est pas sur un acte isolé. C’est réfléchi. »
« Je ne veux pas que cela puisse se reproduire, et puis j’ai déjà vécu ce genre de rejet dans ma famille musulmane, je me suis promis de ne plus jamais me laisser faire, avance-t-il. Je ne demande qu’à être respecté comme n’importe quel client. » confiait il au Parisien ce mardi 5 juillet.
Finalement, Samir parvient à assister au mariage de son amie en prenant un vol, mais le lendemain seulement, et avec une autre compagnie aérienne.
« Ils veulent juste se donner une image »
Après son séjour en Tunisie, Samir a contacter Transavia, qui, après de nombreux échanges s’est excusé et a proposée enfin de lui rembourser son vol raté. « Mais il a fallu cinq ou six interlocuteurs, des appels téléphoniques, et pire, des négociations, car pour eux, ça n’est qu’un incident ». Samir a déposé plainte contre la compagnie aérienne.
La compagnie, qui semble prendre cet « incident » à la légère, apportait pourtant son soutien aux personnes LGBTQ+ lors de la Journée Internationale contre les LGBTphobies, le 17 mai dernier.
Des excuses, un remboursement et une plainte plus tard…
Contactée par Le Parisien, la société Transavia fait profil bas : « Il s’agit d’un comportement inacceptable qui ne reflète ni les valeurs ni les engagements de la compagnie. Nous ne tolérons aucune forme de discrimination. Transavia France est engagé depuis des années en faveur de la diversité et de l’inclusion. Nous veillons d’ailleurs à promouvoir la diversité au sein de notre entreprise au travers de nombreuses actions de sensibilisation de nos personnels. Nous avons demandé à la société prestataire qui gère nos comptoirs d’enregistrement de prendre les mesures nécessaires pour éviter que ce type de comportement individuel inacceptable ne se reproduise pas à l’avenir. »
Aujourd’hui, les associations Mousse et STOP Homophobie ont décidés de porter plainte dans cette affaire, en soutien à Samir, pour discrimination consistant à refuser un service en raison de l’orientation sexuelle, fait réprimé de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 d’amende par l’article 225-2 du code pénal.
Pour Me Etienne Deshoulières, avocat des associations, « les compagnies aériennes doivent sensibiliser leur personnel et assurer des formations sur les questions de discriminations. Leurs salariés doivent être conscient que refuser l’embarquement à un voyageur en raison de son homosexualité est un délit pénal » .
- Contact presse : Etienne Deshoulières – Avocat au barreau de Paris