Ils avaient mis le feu et taggé d’insultes homophobes le local LGBT de Saint-Denis dans la nuit de Lundi à mardi. L’un des deux prévenus – le second étant mineur – comparaissait ce vendredi après-midi devant le tribunal de Champ fleuri.
Il a participé, en compagnie d’un mineur, à la dégradation du centre LGBT situé dans le quartier de la Source à Saint-Denis. Le local avait été visité dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 février.
Le majeur, Grégory P., est né en 2001 et n’est pas inconnu des services de police. Ce vendredi, il était jugé pour destruction par incendie, en récidive, et vol en réunion, en récidive également, avec la circonstance aggravante de l’orientation sexuelle.
C’est grâce aux révélations d’un mineur interpellé dans une toute autre affaire que les deux intrus du centre LGBT ont été confondus. Il a livré aux policiers les noms de ceux qui avaient volé les ordinateurs du centre et avait même formellement identifié le majeur à l’aide d’une planche à photo. Ne restait plus aux policiers qu’à cueillir les deux vandales.
Un sursis qui saute
L’audience a naturellement tenté de cibler le degré de participation de chacun, bien qu’en l’absence du mineur qui sera jugé devant la juridiction spécialisée.
En plus des baskets, des gants avec de la peinture rouge retrouvés chez lui ont fini par lui faire avouer sa présence et le vol mais Grégory P. nie être l’auteur des inscriptions. “C’est une association pd”, avait-il tenté de qualifier la nature de l’activité de cette association lors de son audition.
Lorsqu’il apprendra au cours de sa garde à vue que les policiers avaient trouvé les traces de peinture, le prévenu avait fini par reconnaître avoir écrit les injures mais ne pas avoir mis le feu. Il dira : « j’ai écrit ça comme ça »
A la barre, Grégory P. manque d’inspiration. “J’ai vu le local, je suis rentré dedans et j’ai pris ce que j’ai pu et on a brûlé nos empreintes”. Il dit ne pas connaître les associations et qu’il est juste venu pour voler. “Oui c’est moi-même qui a écrit mais mi lé pas homophobe. J’ai écrit ça juste coma (…) Mi peut pas dire pourquoi, mi gagne pas”. Il reconnaît les faits mais ne peut les expliquer. “L’inscription est passée dans ma tête alors j’ai écrit.”
La nuit du cambriolage et du saccage, le duo n’avait rien bu mais avait fumé du zamal et avait pris du Rivotril.
Avec 2 mentions au casier – les deux pour des faits de destruction de biens et pour vol en réunion – il a 1 mois de sursis simple et 8 mois de sursis probatoire au-dessus de la tête.
A la question du pourquoi faire ça alors qu’il est sous sursis probatoire, il répond au président : « c’est le manque d’argent chef ! »
Deux associations se sont constituées partie civile car elles ont leur adresse au même local. “La communauté LGBT est là aujourd’hui pour exprimer toute sa souffrance. Le caractère homophobe est clairement établi. Cette maison est reconnaissable et bien signalée comme étant l’étendard de la cause. On y vient pas par hasard » (…) « Cette maison est un refuge. On y reçoit des enfants qui sont rejetés par leur famille”, font-elles remarquer.
“Ils ont décidé d’aller voler par désœuvrement”
“Ce sont des faits qui sortent de l’ordinaire. Il reconnaît les faits. On prend le temps et le risque d’inscrire ces inscriptions par haine parce qu’ils ne sont pas comme lui. En plus, on y met le feu pour que ce soit durablement inutilisable. Il encourt 10 ans pour ces faits. Il n’a aucun regret sur les faits, je demande une peine de 3 ans plus la révocation du sursis à hauteur de 2 mois et un mandat de dépôt”, annoncera la procureure avant de laisser la parole à l’avocat du prévenu et au prévenu lui-même.
“Je regrette ce que j’ai fait. Même s’il faut peindre le local, je réponds c’est pas un soucis”, lance-t-il.
La condamnation sera en deçà des réquisitions. Le jeune homme est reconnu coupable et condamné à 1 an de prison avec mandat de dépôt et la révocation de 4 mois de sursis probatoire.