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 d’ADHEOS

C’est une page sombre de l’Histoire qu’explore à Paris le Mémorial de la Shoah, à travers de nombreux documents d’archives, photographies, illustrations… Dans la nuit de l’univers concentrationnaire, la musique est partout, rarement à des fins récréatives, surtout au service de la terrible entreprise d’extermination fomentée par le IIIe Reich.

La musique a résonné quotidiennement dans les camps de concentration et les centres de mise à mort du régime nazi dans des circonstances très diverses. Pourquoi une telle présence dans des espaces où les libertés les plus fondamentales étaient bafouées ? Sous le IIIe Reich, la musique est au centre des politiques culturelles visant la construction d’une « communauté du peuple », une Volksgemeinschaftfondée sur la prétendue « race aryenne ». Par transposition, le système concentrationnaire accorde lui aussi une importance notable à la musique, mais la quasi-absence de documents officiels à son sujet est frappante.

Objectif disciplinaire

En fait, son usage principal, initié par les autorités des camps qui constituent les premiers orchestres de détenus dès 1933, sert avant tout un objectif disciplinaire, de type militaire : il s’agit d’une musique « contrainte », jouée sur ordre et qui constitue un outil à part entière des processus de mise au pas et d’annihilation. Son second usage est celui fait par les détenus, femmes et hommes : qu’elle soit tolérée ou clandestine, leur musique participe des stratégies de survie psychologique et de résistance spirituelle au système concentrationnaire.

Grâce à une approche topographique, La musique dans les camps nazis entend faire découvrir les multiples usages de la musique dans le système concentrationnaire. Contraintes, intrusives, tortionnaires ou, au contraire, résistantes, très rarement récréatives, la musique et les activités musicales peuvent être associées à des lieux précis du camp : à la porte, sur la place d’appel et dans les « rues », à l’intérieur des baraquements de détenus ou au sein des garnisons SS, les usages de la musique sont distincts, tout comme les répertoires qui sont interprétés. Les orchestres ne jouent pas pour accompagner les victimes vers les chambres à gaz ni à l’intérieur : leur musique doit divertir les bourreaux.

Antichambres de la mort

L’exposition dresse un panorama des usages de la musique dans les camps de concentration et les centres de mise à mort, sans toutefois chercher l’exhaustivité. Elle n’aborde pas la vie musicale dans les ghettos ni dans les camps de prisonniers de guerre, dans lesquels les activités musicales furent également riches mais organisées différemment. En revanche, elle évoque quelques cas particuliers d’antichambres des centres de mise à mort que furent les camps de transit français, mais aussi Westerbork et le camp-ghetto de Theresienstadt.

Paris, Mémorial de la Shoah. Jusqu’au 25 février 2024.

 

SOURCE : diapasonmag.fr