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 d’ADHEOS

Une pride partira de la mairie d’Angoulême à 10 h 30 pour descendre vers les chais Magelis. Mais dans la communauté LGBTQ charentaise, l’évènement divise. ADHEOS pointe « la radicalité » des organisateurs.

Visibiliser les vécus des personnes LGBTQIA + en Charente. » Voilà le mot d’ordre de la pride qui se déroulera ce dimanche 18 juin à partir de 10h30 à l’hôtel de ville. Une manifestation organisée par plusieurs collectifs dont le collectif de soutien aux personnes transgenres et travailleurs du sexe Transistor qui est partenaire. Une marche des fiertés dans les rues d’Angoulême pour « permettre un moment de solidarité entre des personnes trop souvent marginalisées ». En 2021, une première édition avait eu lieu sous la houlette d’un autre collec­tif et avait réuni 200 personnes. Cette fois, l’initiative fait polémi­que au sein même de la communauté LGBTQ.

“Précarisation générale”

Ce dimanche, les organisateurs espèrent attirer pas moins de 500 personnes. « On a estimé qu’on pouvait avoir autant de monde que dans des villes similaires », dit Jasmin, l’une des membres du collectif qui rassemble une cinquantaine de bénévoles. Le cortège partira de la mairie, déambulera dans les rues d’Angoulême, fera étape à l’Alpha pour se diriger ensuite vers les chais Magelis où sera installé « un village » avec un marché d’artistes, des DJ Set et divers stands.

« Le mot d’ordre de la marche divise par sa radicalité plus qu’il ne rassemble »

Dans un manifeste publié sur les réseaux sociaux et son site internet, ce collectif détaille son leitmotiv. Le slogan : « Immigré’es, putes, LGBTQIA +, on en a assez d’être exploité’es ».

L’occasion de dénoncer les discriminations. Le manifeste s’attarde aussi sur la si­tuation des travailleurs du sexe (TDS). « Nous demandons que cesse l’intervention de la police dans les camionnettes de TDS et le contrôle des clients à Angoulême. La criminalisation des TDS et la violence policière aggravent les conditions de vie des TDS. » Le Collectif ne précise toutefois pas si ces faits se produisent à Angoulême ou à l’échelle nationale. Et de de1nander aussi l’augmentation de l’allocation adulte handicapé et un meilleur accès aux soins pour ces personnes. « La communauté  LGBTQIA + fait également face à une précarisation plus générale. » Et de conclure en s’opposant à la réforme des retraites.

L’événement ne fait toutefois pas l’unanimité dans la communauté. Certains peinent à se reconnaître dans le mot d’ordre. Ce week-end, l’association LGBTI ADHEOS, qui défend les « minorités sexuelles », a envoyé un mail à ses sympathisants pour annoncer qu’elle ne participerait pas à cette Pride. « Organisée par un collectif spécialisé sur le soutien aux personnes transgenres, le mot d’ordre de la marche divise par sa radicalité plus qu’il ne rassemble », écrit Frédéric Hay, le président d’ADHEOS Charente.

Ce n’est pas tout. « Le mot d’ordre par sa radicalité dénonce notamment la police d’Angoulême, tire sur l’État, alors même qu’ADHEOS travaille actuellement sur un projet de formation pour améliorer l’accueil des victimes LGBTI auprès de la police et gendarmeries de la Charente. »

ADHEOS pas invitée

L’association met aussi en avant ses actions pour « améliorer l’accès aux soins des patients transgenres en Charente et Charente-Maritime ». Désaccord aussi sur l’appel à manifester contre la réforme des retraites. « L’objet statutaire d’ADHEOS ne permet pas d’appeler à une marche des fiertés à Angoulême contre une réforme des retraites ! Une marche des fiertés à Angoulême doit avant tout réunir toute la communauté LGBTI +, y compris nos alliés hommes et femmes cisgenres [quand le genre d’une personne correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance, NDLR]. ADHEOS ne considérera jamais que les féministes blanches cisgenres sont toutes transphobes. »

A l’occasion du 8 mars, des discussions animées avaient en effet eu lieu entre des féministes et le collectif Transistor. Ce dernier s’en était pris « aux femmes cis­genres » dans un discours : « chaque alliée, vous continuez de nous décevoir en vous couvrant de votre crasse transphobe, putophobe et raciste ». Des féministes angoumoisines n’avaient que moyennement apprécié …

Sollicité, le collectif Transistor indique ne pas être au courant de ce communiqué d’ADHEOS. « Le manifeste tout comme la Pride ne font que visibiliser des situations réelles, qui sont le quotidien de nombreuses personnes », écrivent ils par mail. Avant de rétorquer « Suite à plusieurs conversations entre les différents membres du collectif organisateur, il a été décidé très tôt de ne pas inviter ADHEOS. Le collectif n’a donc tout simplement pas contacté ADHEOS. La raison étant purement préventive, le collectif évoquant de trop nombreux témoignages déplorant un accueil négatif, et ce depuis plusieurs années. » Ambiance.

SOURCE CHARENTE LIBRE