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 d’ADHEOS

Question de foi Dans un entretien à la BBC, le cardinal ghanéen Peter Turkson a déclaré que « les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime ».

Ces propos tranchent nettement avec les positions adoptées par l’épiscopat de son pays d’origine, qui soutient une loi visant à renforcer la criminalisation des relations homosexuelles.

« Que Dieu ait pitié de lui ». Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont des plus violents contre le cardinal Peter Turkson, chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, pourtant très respecté sur le continent africain. Interrogé dans une interview télévisée sur la BBC parue le 27 novembre sur la criminalisation des personnes homosexuelles, le cardinal ghanéen s’est montré formel : « Les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime ».

Aux yeux de celui qui est devenu le premier cardinal ghanéen en 2003, « il est temps de commencer l’éducation, d’aider les gens à comprendre ce qu’est cette réalité, ce phénomène ». « Nous avons besoin de beaucoup d’éducation pour que les gens fassent la distinction entre ce qui est un crime et ce qui ne l’est pas. », a-t-il insisté. Cette prise de position du cardinal Turkson tranche clairement avec les déclarations de l’épiscopat de son pays, qui a marqué son soutien à une loi « anti-homosexualité » en élaboration au Ghana.

Une expression en langue ghanéenne

« Nous tenons à réaffirmer notre soutien indéfectible à ce projet de loi et appelons tous les Ghanéens à le soutenir pour qu’il devienne une loi, avaient ainsi déclaré les évêques en novembre 2021 en soutien à ce projet de loi. La position de l’Église catholique sur les LGBTQIA + est restée la même : de telles pratiques sont contraires non seulement aux valeurs chrétiennes, mais aussi aux valeurs traditionnelles musulmanes et ghanéennes. » A lire : Ghana: L’épiscopat réitère son soutien au projet de loi anti-LGBT

Toujours auprès de la BBC, le cardinal Turkson s’est au contraire opposé à cette déclaration : s’appuyant sur le fait que dans la langue « akan », l’une des langues du Ghana, il existe une expression qui évoque « les hommes qui agissent comme des femmes et les femmes qui agissent comme des hommes ». « Cela signifie que l’homosexualité n’est pas complètement étrangère à la société ghanéenne », souligne-t-il.

Dans le Code pénal ghanéen de 1960, les rapports sexuels entre personnes de même sexe – désignés par l’expression « relations charnelles non naturelles » – sont déjà passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Le projet de loi en cours d’examen va plus loin et rend obligatoires les signalements d’actes homosexuels et interdit sous peine de prison tout ce qui pourrait être considéré comme une « promotion » de l’homosexualité.

« Des cultures qui ne sont pas encore prêtes »

Si les évêques ghanéens et la plupart des épiscopats africains sont favorables aux lois criminalisant les relations homosexuelles, l’ancien préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral pense donc que c’est en raison « des tentatives de lier certains dons et subventions étrangers à certaines positions… au nom de la liberté, au nom du respect des droits ». « Il ne faut pas non plus que cette position (décriminaliser les rapports homosexuels NDLR) devienne quelque chose à imposer à des cultures qui ne sont pas encore prêtes à accepter ce genre de choses », fait savoir le cardinal Ghanéen.

Rappelant la position de l’Église catholique sur le sujet, le cardinal a souligné que les relations sexuelles en personnes de mêmes sexes sont « objectivement pécheresses », et qu’elle ne reconnaît pas le mariage entre personnes du même sexe. Pas de quoi satisfaire les commentaires les plus virulents : « Le fait d’être un dirigeant catholique ne signifie pas que, quoi que vous disiez, les catholiques peuvent l’écouter et le faire… Nous avons le droit de nous opposer et personne ne peut nous imposer la loi… », écrit par exemple un utilisateur de Facebook. Guy Aimé Eblotié

Source : africa.la-croix.com