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 d’ADHEOS

Huit adolescents accusés d’avoir organisé des guets-apens homophobes, suivis de violences, de vols et d’un viol, ont été interpellés ce lundi 27 et ce mardi 28 mai dans plusieurs quartiers d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), selon une information de « BFMTV » confirmée par « Le Parisien ». Un phénomène en augmentation selon la fondation Jean-Jaurès et dont les cas « sont sous-estimés ».

Un phénomène très inquiétant. Alors que trois hommes sont actuellement jugés devant les assises de Paris dans une affaire similaire, huit adolescents âgés de 14 à 16 ans ont été interpellés entre le lundi 27 et le mardi 28 mai 2024 dans plusieurs quartiers d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et placés en garde à vue, selon une information de BFMTV , confirmée par Le Parisien .

Ces huit mineurs, dont quatre collégiens, sont soupçonnés d’avoir organisé des « guets-apens homophobes » via des applications de rencontres, suivis notamment « de violences, de vols et d’un viol », selon nos confrères.

Deux enquêtes sont ouvertes

Les premiers faits remonteraient au 15 avril dernier dans le quartier des Merisiers à Aulnay-sous-Bois. Une de leurs victimes, contactées via des applications de rencontres homosexuelles, aurait été extirpée de son véhicule par ses agresseurs, avant d’être mise à nu, violée à plusieurs reprises, humiliée, volée, puis sauvée par une patrouille de police alertée par des riverains, détaille BFMTV.

Au cours de la perquisition du domicile de l’un des collégiens, « trois armes de poing et six balles » ont été saisies par les policiers du Saip (Système d’Alerte et d’Information aux Populations), indique BFMTV.

Une première enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis pour des faits de « vols avec violence en réunion », « séquestration » et « viol ». Après deux nouvelles agressions avec des scénarios similaires, les 23 et 28 avril, une seconde enquête a été ouverte par le commissariat d’Aulnay-sous-Bois.

Des profils difficiles à vérifier

Un guet-apens est considéré comme « homophobe » quand il est « soit tendu pour des raisons d’homophobie, […] soit quand on se saisit du prétexte qu’une personne est homosexuelle pour l’atteindre plus facilement », explique à l’AFP la présidente de l’association SOS Homophobie, Julia Torlet.

Si les délits et crimes de haine touchent l’entièreté de la communauté LGBT +, ce type de violences est « généralement en direction d’hommes gays ou bisexuels », note Flora Bolter, co-directrice de l’Observatoire LGBTI + de la Fondation Jean-Jaurès. Pour Julia Torlet, cette spécificité pourrait découler « de la caricature de l’homme gay, que l’on voit souvent à tort […] comme un homme plus fortuné et – parce que c’est un préjugé qui a la peau dure – plus faible qu’un homme hétéro ».

« Les guets-apens homophobes, ça a toujours existé », souligne Flora Bolter, co-directrice de l’Observatoire LGBTI + de la Fondation Jean-Jaurès. « Mais on voit que les applications de mise en relation […] permettent à des personnes de créer des profils assez facilement, de faire des rencontres de manière anonyme et de cibler des personnes », explique-t-elle.

Un phénomène en augmentation

La fondation Jean-Jaurès a alerté le 16 mars dernier dans un rapport sur l’augmentation de ces guets-apens homophobes. Parmi les très nombreux canaux utilisés, on retrouve des applications de rencontre gay « classiques », comme Grindr. Le site controversé coco.gg, un tchat en ligne gratuit et anonyme, est également cité dans plusieurs affaires. Il « protège l’identité de ses usagers et donc […] on ne peut pas remonter à la source des gens qui l’utilisent », soutient la présidente de SOS Homophobie qui milite pour sa fermeture.

Depuis 2016, les atteintes anti-LGBT + ont fortement augmenté : +17 % en moyenne par an pour les crimes et délits et +10 % pour les contraventions, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur publiés le 16 mai. Pour autant, le cas spécifique des guets-apens homophobes est difficile à quantifier par manque de données, explique Flora Bolter.

Pour Julia Torlet, les cas sont « sous-estimés ». La responsable pointe notamment « le caractère discriminatoire de l’agression », pas toujours retenu par la justice, et parle aussi d’un possible sentiment de « culpabilité » empêchant les victimes de parler. « Le guet-apens, on s’y rend, […] les victimes se disent qu’elles ont une part de responsabilité là-dedans, ce qui est totalement faux », avance-t-elle. D’autres aussi peuvent craindre que leur orientation sexuelle soit révélée.

Les utilisateurs invités à la vigilance

À ce propos, trois hommes sont jugés depuis ce mardi 28 mai devant la cour d’assises de Paris. Ils sont accusés d’avoir séquestré deux hommes dans leur appartement en orchestrant un guet-apens homophobe via des applications de rencontre. Ils encourent tous deux 20 ans de réclusion criminelle.

En avril, la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a pour sa part lancé une campagne de prévention pour inviter les usagers à rester vigilants sur les applications. Un an plus tôt, Luc Di Gallo, adjoint au maire de Montreuil, a lui-même été victime d’un guet-apens homophobe après s’être rendu à un rendez-vous fixé sur Grindr. Il a relaté son agression sur son compte X.

Julia Torlet salue cette initiative locale mais appelle à ce que ces campagnes soient « déployées plus largement ». Elle plaide également en faveur de sanctions « exemplaires » et « pédagogiques » pour les agresseurs et incite les sites à se « doter d’un système de prévention ». Grindr a par exemple publié un guide de prévention développé en partenariat avec des organisations LGBT +. L’application incite ses usagers à se « rencontrer dans un espace public sécurisé » ou encore à « faire savoir à un.e ami.e le lieu » de rencontre.

Source : ouest-france.fr