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 d’ADHEOS

Plusieurs centaines de personnes ont participé dimanche à Belgrade à la première Gay Pride en quatre ans, un défilé qui a pris fin sans incident et qui s’est déroulé sous haute protection policière, en raison de craintes de contre-manifestations.
 
Dans une atmosphère bon enfant, le défilé a commencé vers 12H30 (10H30 GMT) avec pour point de départ le siège du gouvernement, et s’est poursuivi sur environ deux kilomètres pour s’arrêter devant la mairie de Belgrade vers 14H00 (12H00 GMT). Il s’agissait de la première Gay Pride autorisée par les autorités depuis celle de 2010, marquée par de graves violences provoquées par des groupes ultranationalistes.
 
Le défilé était surveillé de près par l’Union européenne, qui le considérait comme un test du respect des droits de l’Homme dans cette ex-république yougoslave ayant démarré en janvier les négociations d’adhésion au bloc des 28. "Je suis très content de pouvoir enfin marcher librement dans mon Belgrade. J’espère que le défilé d’aujourd’hui représentera un premier pas pour le respect de nos droits", a dit un homme d’une vingtaine d’années qui a refusé de se présenter. "On m’a enfin donné l’opportunité d’afficher mon identité", se réjouit Jelena, 47 ans, qui se présente comme lesbienne et n’a pas souhaité donner son nom de famille. Des manifestants de tous âges agitaient des drapeaux arc-en-ciel, d’autres brandissaient des banderoles aux mêmes couleurs, frappées de l’inscription en anglais "Peace and love", symbole de la communauté LGBT.
 
Initiative sans précédent, des membres du gouvernement ont participé à la Gay Pride, dont Tanja Miscevic, négociateur en chef pour l’adhésion à l’UE et le ministre de la Culture, Ivan Tasovac. Le maire de Belgrade, Sinisa Mali, marchait lui aussi au milieu du cortège de même que nombre de diplomates occidentaux dont le chef de la délégation de l’UE à Belgrade, Michael Davenport. "Il s’agit du début d’une lutte efficace pour la protection des droits fondamentaux en Serbie, d’une lutte plus efficace contre la discrimination", a dit M. Davenport.
 
Dans le centre-ville, sur trois kilomètres à la ronde le trafic routier était interdit. Plusieurs milliers de gendarmes et policiers en tenue antiémeute, appuyés par des transports de troupes blindés, étaient présents à chaque coin de rue. Par endroits, ils étaient alignés en travers des grands boulevards. Des hélicoptères de la police tournaient sans cesse au-dessus de la ville. Les piétons étaient tous fouillés. Pouvaient passer uniquement ceux habitant dans cette zone ou munis d’accréditations pour participer à la marche. Des groupes ultranationalistes et radicaux d’extrême droite avaient menacé de descendre dans la rue pour protester contre cet évènement. "Quiconque tente de provoquer des incidents sera puni particulièrement sévèrement", avait mis en garde le Premier ministre, Aleksandar Vucic. "Dans notre pays il y a des droits et des libertés qui sont garantis par la Constitution et nous les respectons", a-t-il dit dimanche à la presse depuis Tekija (est).
 
De son côté, le patriarche Irinej, chef de l’influente Église orthodoxe, majoritaire à plus de 80% dans ce pays de 7,1 millions d’habitants, a dénoncé la Gay Pride comme étant "immorale" et "imposée par le lobby homosexuel et leurs mentors d’Europe" occidentale. Il a également dressé un parallèle entre l’homosexualité, la pédophilie et l’inceste. Preuve de l’hostilité d’une bonne partie de la population à l’égard des homosexuels, il y a deux semaines, un militant allemand pour les droits des homosexuels a été hospitalisé pendant cinq jours après avoir été sévèrement battu à Belgrade. La victime venait de participer à une conférence sur les droits de la communauté LGBT. Lors du défilé de 2010, les violences provoquées par des extrémistes hostiles à la Gay Pride avaient fait plus de 150 blessés, des policiers pour la plupart, et provoqué des dégâts dont le coût avait été évalué à plus d’un million d’euros.