Une souche plus dangereuse du mpox (anciennement appelé variole du singe puis monkeypox) se propage en Afrique centrale et inquiète l’Organisation mondiale de la santé. Alors, les pays touchés ont-ils suffisamment de vaccins, et la France est-elle prête à une éventuelle propagation de l’épidémie ? Ce que l’on sait à ce stade.
Plus contagieux et plus dangereux, le nouveau variant du mpox qui sévit actuellement en Afrique oblige les autorités sanitaires à mettre en garde le monde entier. Mercredi 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé l’épidémie en “urgence de santé publique de portée internationale”, son plus haut niveau d’alerte. Le variant en question, appelé “clade 1b”, prolifère en Afrique centrale et notamment en République démocratique du Congo (RDC), particulièrement touchée. Heureusement, un vaccin est disponible et doit désormais être acheminé vers les pays en besoin.
Pourquoi le mpox est-il plus sévère en Afrique ?
Si le clade 1b est plus contagieux que le “clade 2”, à l’origine de l’épidémie de 2022 qui avait notamment touché la France, c’est que ce dernier se transmettait par contact sexuel, et avait circulé principalement parmi les hommes gays ou bi multipartenaires (97% de cas masculins en Europe). Le variant qui circule actuellement en Afrique peut quant à lui être propagé par contacts rapprochés, gouttelettes respiratoires ou contact avec des objets contaminés, ce qui rend bien plus large l’assiette de population exposée. “La catégorie de population la plus touchée jusqu’à présent en RDC sont les enfants de moins de 15 ans”, rapporte ainsi la prestigieuse revue scientifique The Lancet, et les cas rapportés en RDC concernent autant de femmes que d’hommes, indique une étude publiée mi-juin dans Nature. À ce stade de l’épidémie, l’âge moyen des personnes atteintes est de 22 ans, et 29% sont des travailleuses du sexe.
Depuis le début de l’année, quelque 16.700 cas ont été recensés et plus de 570 personnes sont mortes en RDC, a déclaré ce lundi 19 août le ministre congolais de la santé, Samuel-Roger Kamba, à l’occasion d’une conférence de presse. Plus contagieux, le virus paraît aussi plus dangereux, avec un taux de létalité qui peut atteindre 10%, mais qui descend à moins de 2% lorsque les soins appropriés sont disponibles. “De nombreux cas de surinfections sont à déplorer dans les pays touchés en Afrique, expliquant la mortalité élevée”, souligne auprès de têtu· Olivier Schwartz, virologue responsable de l’unité Virus et immunité de l’Institut Pasteur. Pour l’heure, seuls deux cas de ce variant de mpox ont été confirmés hors du continent africain, en Suède et en Thaïlande, chez des voyageurs revenant d’Afrique.
Les pays touchés ont-ils accès au vaccin ?
Tous les regards se tournent donc vers le type de vaccin utilisé pour mettre un terme à l’épidémie de 2022. “On a peu de données disponibles liées à ce nouveau variant, mais il est probable que le vaccin, qui est de troisième génération, soit efficace pour ce nouveau variant comme il l’a été pour la clade 2 et comme il l’était pour le clade 1a [qui circulait précédemment en Afrique, ndlr]“, explique Olivier Schwartz. Sur la souche européenne, l’efficacité de ce vaccin a été évaluée à environ 85%. Reste à le rendre accessible dans les pays africains qui ne disposent pas des réserves européennes. “La Commission européenne et les États-Unis d’Amérique ont promis de donner des doses, mais il apparaît déjà qu’une poignée de pays riches ont le monopole des vaccins au détriment des pays qui en ont le plus besoin”, alerte The Lancet.
Le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, qui fabrique ce vaccin, a annoncé avoir “informé le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies de sa capacité à produire 10 millions de doses d’ici à la fin 2025 et peut déjà approvisionner 2 millions de doses d’ici à la fin de l’année”. Les États-Unis ont prévu d’envoyer 50.000 doses et le Japon “a signé ce lundi matin avec les autorités pour 3,5 millions de doses, uniquement pour les enfants”, a indiqué une source anonyme de la cellule congolaise de riposte à l’Agence France-Presse (AFP). Paris a également annoncé une aide aux pays africains. “La France fera don de 100.000 doses de vaccin. Ces doses seront distribuées via l’Union européenne aux régions où le virus circule fortement. Cette solidarité en actes vient renforcer de près de 50% l’effort européen actuel”, a développé le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, sur X (Twitter).
La France est-elle prête pour une nouvelle épidémie ?
Aujourd’hui, aucun cas de clade 1b n’a été signalé en France, où le clade 2 continue de circuler faiblement, avec 12 à 26 cas mensuels recensés par le ministère de la Santé entre janvier et juin 2024. Depuis l’épidémie de 2022, 154.400 doses de vaccins ont été administrées sur le territoire, et 26,1% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été vaccinés selon Santé publique France – taux qui monte à 45,4% en région parisienne.
Pour réagir à une éventuelle résurgence du mpox, Gabriel Attal assure que le maillage territorial est prêt : “232 sites de vaccination sont d’ores et déjà ouverts à travers le territoire”. D’ici à la fin août, la Haute autorité de santé (HAS) pourrait élargir la population éligible à la vaccination – mais il est peu probable à ce stade que cela concerne la population générale.
“Il est très vraisemblable que des cas sporadiques soient détectés en Europe”, prévient le Pr Olivier Schwartz. Quant aux symptômes, “ils restent les mêmes qu’en 2022, et il faut être vigilant en cas de forte démangeaison, de fièvre et de boutons apparaissant sur le corps”. Mais le virologue se montre rassurant : “Le système de santé est prêt et notamment en ce qui concerne les prélèvements, par exemple si l’on rentre d’une zone à risque”. Pour l’heure le Dr Grégory Emery, directeur général de la Santé, écrit dans une note envoyée à tous les médecins français vendredi : “Le risque global d’infection par le clade 1 du mpox pour la population générale de l’UE est actuellement considéré par l’ECDC [le centre européen de contrôle des maladies] comme faible, sur la base d’une probabilité très faible et d’un impact faible.” Alors, envoyons des doses en Afrique !
- SOURCE TETU