Le président du Conseil italien n’a pas mâché ses mots, samedi, devant le parti des Chrétiens réformateurs. Les associations LGBT ont réagi en raillant le discours de moraliste d’un Silvio Berlusconi empêtré dans des affaires de mœurs.
Si les gays et les lesbiennes italiens gardaient un infime espoir de voir leurs droits évoluer au cours des prochains mois, Silvio Berlusconi l’a probablement annihilé samedi. En intervenant lors du congrès du mouvement des Chrétiens Réformateurs, le président du Conseil a déclaré que «tant que nous gouvernerons ce pays, les unions gays ne seront jamais rapprochées de la famille traditionnelle.»
«Se refaire une virginité»
Ce n’est pas l’unique engagement prononcé par Berlusconi ce jour-là pour rassurer les traditionalistes de la famille. «Tant que nous gouvernerons, il n’y aura jamais la possibilité d’adopter pour une personne seule ou pour des couples homosexuels» a-t-il ajouté. Parallèlement, il a insisté sur la nécessité de mettre en place une politique démographique qui stimulerait la croissance de la natalité et aiderait les femmes qui souhaitent avoir des enfants (le taux de natalité du pays est désastreux, avec 8,18% contre 13% en France). Façon de dire que les couples qui ne peuvent concevoir des enfants sont loin de ses préoccupations.
La réaction des associations LGBT et des hommes politiques a été immédiate. Arcigay, la principale association italienne LGBT, a critiqué ces propos homophobes en les qualifiant de «cyniques». Son président, Paolo Patanè, s’est emporté: «Que Silvio Berlusconi ne cherche pas à se refaire une virginité sur le dos des gays, des lesbiennes et des trans. Il essaie de reconquérir un électorat catholique dégoûté par des mois de scandales et de petites histoires plus au moins méprisables, à travers l’énième usage misérable des vies et des amours des personnes homosexuelles et transsexuelles.»
Rassemblements de jeunes filles
La députée ouvertement lesbienne du Parti démocratique, Paola Concia, fait remarquer que «le moraliste Berlusconi, accessoirement président du Conseil, préfère les rassemblements festifs de jeunes filles au désir, exprimé par un grand nombre de citoyens homosexuels, de construire une famille». La députée évoquait bien sûr les affaires de mœurs qui défraient actuellement la chronique et fragilisent le président du Conseil italien. Entre rire et larmes, la presse a largement relaté ses fêtes sulfureuses et ses relations avec la prostituée mineure Ruby.
Les militants de Arcigay rappellent en outre que c’est la Cour constitutionnelle italienne qui a reconnu la première que les droits des couples homos devaient être rapprochés de ceux des couples hétéros mariés (verdict 138/2010 du 15 avril 2010). «Que Berlusconi retrouve sa virginité en se soumettant à la justice, concluent-ils, mais pas en livrant nos vies et nos amours comme des trophées à la vindicte de la partie la plus arriérée d’une Italie qu’il contribue à fragmenter.»