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 d’ADHEOS

Pour prendre la PrEP, le traitement préventif contre l’infection par le VIH, deux options s’offrent à vous : la prise en continu ou bien à la demande. Cette deuxième option s’envisage selon un certain nombre de critères, qu’on vous détaille en partenariat avec Sexosafe.

“J’ai commencé par prendre la PrEP en continu. Puis, après quelques mois, j’ai rediscuté avec mon infectiologue des différentes options. Comme je ne suis pas en couple et que j’ai des relations sexuelles à risque mais assez espacées et non improvisées, l’option de la PrEP à la demande s’est imposée comme la meilleure solution”, témoigne Philippe.

“À la demande”, c’est-à-dire que le traitement de prévention contre l’infection au VIH (PrEP signifie prophylaxie pré-exposition) se prend uniquement lors des périodes d’activité sexuelle, tandis qu’en continu, la prise est quotidienne. “C’est moins contraignant quand on a des partenaires multiples mais relativement peu fréquents”, reprend Philippe, avant d’illustrer : “Par exemple, ce soir je vais à une soirée avec de possibles rapports à risque d’infection au VIH. Alors, ce midi, j’ai pris deux comprimés et j’ai laissé la boîte sortie pour ne pas oublier les deux jours suivants. Cela va me permettre de profiter librement de la soirée.” Tous les trois mois, il continue bien sûr d’effectuer ses bilans biologiques et ses dépistages IST.

À l’instar de Philippe, de plus en plus d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) plébiscitent la PrEP à la demande, comme l’a montré une étude française ANRS-Prevenir en 2022, confirmant au passage que cette alternative est aussi sûre et efficace que la prise de PrEP en continu. Elle peut être envisagée si vous avez besoin d’une protection ponctuelle contre le risque d’infection au VIH, par exemple s’il vous arrive épisodiquement de prévoir des soirées ou week-ends avec des rapports sexuels mais qu’entretemps, c’est plutôt le calme plat. C’est le cas de Vincent, prépeur occasionnel : “J’ai fait ce choix parce que j’ai des relations avec des partenaires différents mais de manière discontinue et occasionnelle. Autrement dit, je n’ai pas de rapports assez souvent pour ressentir la nécessité de la prendre en continu. Je n’ai jamais été très rigoureux sur le préservatif et j’avais tendance à me reposer sur mes partenaires déjà sous PrEP.  La  prendre moi-même est un soulagement, en plus d’instaurer davantage de réciprocité dans les rapports.”

La PrEP à la demande, comment ça marche ?

Comparée à la PrEP en continu qui suppose de prendre un comprimé quotidiennement à heure fixe, un réflexe plutôt simple à adopter, la PrEP à la demande nécessite au début un petit temps de prise en main. “C’est un peu plus acrobatique au début car c’est moins intuitif”, prévient la Dre Olivia Son, infectiologue à Paris. Il faut en effet intégrer le schéma de prise et faire preuve de rigueur dans son application. “Le schéma consiste en trois temps, résume la spécialiste : un enclenchement, un entretien et une clôture.”

Traduction, si le(s) rapport(s) à risque se concentre(nt) sur un seul jour, il faut prendre : 

• deux comprimés le jour même, au minimum deux heures avant le(s) rapport(s) : c’est l’enclenchement.

• un comprimé le lendemain à la même heure : c’est l’entretien.

• un comprimé le surlendemain, toujours à la même heure que la première prise : c’est la clôture.

Si les rapports à risque ont lieu sur deux ou plusieurs jours, voici le menu : 

• deux comprimés le jour même, au minimum deux heures avant.

• un comprimé le lendemain, à la même heure.

• un comprimé par jour tous les jours à la même heure tant qu’il y en a besoin.

• un comprimé le lendemain du dernier rapport à risque, toujours à la même heure.

• un comprimé le surlendemain du dernier rapport à risque, toujours la même heure.

Exemple : 

Nous sommes jeudi et, depuis ce matin, vous vous chauffez avec un mec sur une application de rencontres. Vous décidez de vous retrouver ce soir à 21h. Vous prenez donc deux comprimés à 19h max en prévision (enclenchement). La soirée est chaude mais vous n’avez pas prévu de vous revoir. Le vendredi, vous prenez un troisième comprimé à 19h, puis un quatrième et dernier comprimé le samedi à 19h. Fin du cycle !

En revanche, si vous remettez ça le samedi puis le dimanche, avec le même partenaire ou avec d’autres, vous reprendrez un comprimé à 19h le samedi, un autre le dimanche à 19h, puis encore un le lundi et un dernier le mardi (toujours à 19h).

Évidemment, au début, on peut avoir l’impression que c’est compliqué. “Mais à l’usage, c’est très simple”, rassure Ben, un autre prépeur. Le mieux est de planifier tout cela dès le départ à l’écrit, et des outils peuvent aider, signale-t-il : “J’utilise en plus une app, MyPrep, qui permet de suivre les prises et de recevoir des rappels pour l’heure des prises. Elle permet aussi de noter les jours de rencontres et éventuellement les noms des personnes rencontrées pour les avertir en cas d’IST.” Il existe également de très pratiques porte-clés piluliers qui permettent d’avoir toujours son comprimé sur soi.

En résumé, la PreP à la demande s’adresse à vous si :

• vous avez de multiples partenaires mais de manière espacée.

• vous ne souhaitez pas prendre un médicament tous les jours.

• vous pouvez anticiper au moins deux heures à l’avance un éventuel rapport sexuel ; pas toujours facile si vous êtes adepte des rencontres en ligne très immédiates.

• vous êtes sûr de pouvoir prendre vos comprimés au moins deux heures avant le(s) rapport(s) et vingt-quatre heures exactement après la première prise.

“Rien n’est gravé dans le marbre, précise Olivia Son, et chacun peut adapter et alterner entre PrEP en continu et PrEP demande selon que la période d’activité sexuelle est plus ou moins intense.”

À noter qu’à l’instar de la PrEP en continu, la PreP à la demande nécessite une prescription et un suivi médical qui vous assure d’être régulier dans vos dépistages IST et à jour de vos vaccinations. Ce suivi, c’est aussi l’opportunité de discuter régulièrement avec un médecin de confiance de vos éventuelles difficultés à respecter le schéma de prise mais aussi d’autres sujets relatifs à votre santé sexuelle.