Le fondateur et gérant du site Coco s’est rendu à une convocation des gendarmes pour être placé en garde à vue. La plateforme est citée dans des dizaines de milliers d’affaires judiciaires, dont l’affaire Pelicot, et a été utilisée pour de nombreux guets-apens ayant ciblé des hommes gays.
Six mois après la fermeture de Coco, son fondateur et gérant a été placé en garde à vue, selon une information du Parisien confirmée par le parquet de Paris à l’Agence France-Presse (AFP). Avant d’être mis hors ligne, ce tchat à l’ancienne a été utilisé pour piéger les victimes de nombreuses affaires de guets-apens homophobes, ainsi que dans l’affaire des viols de Mazan, puisque Dominique Pelicot y trouvait les hommes avec qui violer son épouse. La plateforme, a souligné le parquet de Paris, est connue “depuis de nombreuses années comme étant un facilitateur de commission de diverses infractions, notamment des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guets-apens, voire d’homicides”.
Son fondateur et gérant, Isaac Steidl, s’est rendu à une convocation des gendarmes de l’Unité nationale cyber (UNCyber). Il y est “entendu en garde à vue dans une enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), sous la direction d’un juge d’instruction, qui appréciera les suites à donner”, a précisé le parquet. L’information judiciaire porte entre autres sur l’infraction de “fourniture d’une plateforme en ligne pour permettre en transaction illicite en bande organisée”, mais aussi sur le “blanchiment des sommes qui en ont été retirées”, complète la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau. “Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de 5 millions d’euros ont été saisis”, soulignait-elle encore en juin dernier. Au total, le gérant encourt dix ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende.
Plus de 20.000 procédures en lien avec Coco
Lors de la fermeture par la justice du site qui attirait plus de 700.000 visiteurs par mois, le parquet avait annoncé qu’entre janvier 2021 et le 7 mai 2024, pas moins de 23.051 procédures judiciaires en lien avec Coco avaient été ouvertes. Après six mois d’enquête préliminaire débutée en décembre 2023 et la centralisation des procédures de 71 parquets au préjudice de plus de 480 victimes, les investigations contre le site Coco ont été confiées à un juge d’instruction le 28 juin dernier.
Ancien informaticien âgé de 44 ans, Isaac Steidl, qui a entamé selon Le Parisien des démarches pour abandonner sa nationalité française, est soupçonné d’être l’administrateur du site ouvert à l’orée des années 2000. Il avait déjà été entendu en Bulgarie en juin ; des enquêteurs de l’Office national antifraude (Onaf) et de l’UNCyber ainsi qu’un magistrat du parquet de Paris avaient alors assisté à son audition en tant qu’observateurs. Trois de ses proches ont également été entendus en France et laissés libres à l’issue de leur interrogatoire. Ils sont malgré tout soupçonnés d’avoir exercé un rôle dans l’administration de la plateforme, ou du moins d’avoir tiré profit des infractions en question. Deux modérateurs du site ont aussi été interpellés fin juillet à Oignies (Pas-de-Calais) et Limoges (Nouvelle-Aquitaine).
Source : tetu.com