L’agression a eu lieu il y a une semaine. Un homme de 26 ans pensait faire une rencontre via Grindr. Il est tombé dans un piège tendu par deux individus. Ses agresseurs lui ont volé son téléphone avant de prendre la fuite. Une plainte a été déposée.
Insulté, frappé puis étranglé
Attiré dans un piège via l’application Grindr (spécialisée dans les rencontres gays), grâce à laquelle il pensait faire une rencontre amoureuse, il a été insulté, frappé et étranglé par deux individus, puis laissé inconscient. Ses agresseurs lui ont volé son téléphone avant de prendre la fuite. L’agression a été très violente. Heddy a même perdu connaissance et avait du mal à s’exprimer ! Erwann Le Hô, coordinateur du centre LGBTQIA+ de Nice à France 3 Côte d’Azur
Et il y a de quoi : la victime souffre de douleurs à la mâchoire, d’une strangulation, de contusions multiples et d’un traumatisme crânien.
Plainte déposée
L’agression s’est déroulée avenue Florès à Nice, dans le quartier Cimiez.
Sur nos conseils, Heddy a rapidement porté plainte pour pouvoir déclencher une enquête et pour que la police puisse accéder très vite aux images de vidéo-surveillance. Erwann Le Hô, coordinateur du centre LGBTQIA+ de Nice à France 3 Côte d’Azur.
Si les agresseurs sont identifiés, le centre LGBTQIA + de Nice et l’association SOS Homophobie se porteront partie civile, aux côtés de la victime.
Un mode opératoire bien connu
Concernant le mode opératoire, il est malheureusement bien connu du milieu gay. Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’une telle agression a lieu à Nice. Ainsi, l’année dernière, une vague d’agressions similaires avait eu lieu entre février et mars 2024, notamment dans le quartier Libération. Mais le phénomène est national : une enquête de Médiapart et du magazine Têtu a montré que ce type d’agression se répand de manière systématique. On en compterait environ une par semaine en France, soit plus de 50 par an dans l’Hexagone !
Un fléau face auquel les réponses policière et pénale ne sont pas toujours à la hauteur. Les associations réclament ainsi davantage de réactions des pouvoirs publics. Elles aimeraient que des mesures concrètes soient mises en place pour prévenir ce genre d’agression.
Mais elles interpellent aussi les applications de rencontre, et notamment l’application américaine Grindr. “Nous exigeons que les applications de rencontre (…) mettent en place de véritables mesures pour protéger leurs utilisateurs : messages de sensibilisation, modération des comptes, collaboration active avec les enquêteurs et enquêtrices en cas d’agression“, demande l’association SOS Homophobie.
Les associations aimeraient aussi que le caractère homophobe de ces attaques soit reconnu par la justice. Ce qui est loin d’être toujours le cas. “La justice a parfois du mal à reconnaître le caractère homophobe de ces guet-appens alors qu’on sait que, via cette application, ils visent systématiquement des personnes gays“, affirme Erwann Le Hô.
Déjà plusieurs condamnations à Nice
Au cours des dernières années, plusieurs procès pour agressions homophobes ont eu lieu dans la région. En juin 2023, à Nice, quatre hommes étaient jugés pour agression homophobe. Ils avaient violemment attaqué trois personnes homosexuelles à la sortie d’un bar niçois.
Le tribunal les a condamnés à des peines fermes pour deux des agresseurs et du sursis pour les deux autres. Comme le montre notre reportage tourné à l’époque au Palais de justice de Nice : S’il est retenu, le caractère homophobe d’une agression est une circonstance aggravante et la peine peut aller de 1.500 euros à 45.000€ d’amende et jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
Source : france3-regions.francetvinfo.fr