C’est un mathématicien génial et homosexuel qui a brisé le code secret des Allemands pendant la Seconde guerre mondiale: "Imitation game" retrace la vie du Britannique Alan Turing, un film très classique dont l’atout est l’acteur Benedict Cumberbatch.
Peu connu du grand public jusqu’il y a peu, Alan Turing est considéré comme l’un des pères de l’intelligence artificielle. Avec son équipe de cryptanalystes, il travaille en secret pendant des années dans la baraque 8 de Bentchley Park, une propriété du sud-est de l’Angleterre qui abritait les recherches de décryptage d’Enigma, le code mis au point par les Allemands pour communiquer pendant la guerre.
Grâce à l’invention d’une machine, ancêtre de l’ordinateur, il parvient à briser ce code et contribue ainsi à raccourcir le conflit. Turing a apporté "la contribution individuelle la plus importante" à la victoire des Alliés face aux Nazis, déclarera plus tard Winston Churchill.
Ce qui n’empêchera pas la justice britannique de poursuivre le mathématicien en 1952 pour homosexualité, interdite par la loi à l’époque. Il opte pour la castration chimique pour éviter la prison et sera retrouvé mort deux ans plus tard, à 41 ans, probablement un suicide.
De ce destin hors du commun d’un héros "borderline", le réalisateur norvégien Morten Tyldum et le scénariste américain Graham Moore tirent un film classique, doté des qualités nécessaires pour plaire à Hollywood.
"Imitation game", en salles mercredi, a d’ailleurs été nommé pour huit oscars, dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur masculin.
Les excuses du gouvernement
Le Britannique Benedict Cumberbatch (Sherlock Holmes dans la série "Sherlock", et l’acteur qui monte outre-Manche) habite son personnage et parvient à rendre sa complexité: un homme déterminé, sûr de son intelligence, impatient avec ceux qui ne suivent pas ses raisonnements fulgurants, qui n’hésite pas à passer par-dessus la tête de ses supérieurs pour demander des financements à Churchill. Mais mal à l’aise avec les autres, fragile en raison de son secret.
Un autre scientifique de génie, l’astrophysicien Stephen Hawking, a vu lui aussi sa vie portée à l’écran en 2014, avec "Une merveilleuse histoire du temps". Son interprète, le Britannique Eddie Redmayne, est lui aussi en course pour l’Oscar du meilleur acteur.
Outre ses comédiens (Keira Kneightley, seule femme de l’équipe de chercheurs, Matthew Goode, le beau gosse de la troupe, Mark Strong, chef des services secrets…) et malgré son classicisme un peu lisse, le film séduit car il célèbre la personnalité unique de cet homme hors norme, en évitant – presque – le côté larmoyant qu’aurait pu susciter la fin tragique et injuste d’Alan Turing.
"Imitation Game" entremêle avec habileté trois moment de la vie du scientifique: son enfance dans un pensionnat où son premier amour, Christopher, lui fait découvrir la cryptographie, ses recherches pendant la guerre, son arrestation par la police après la révélation de son homosexualité.
En 2009, le Premier ministre de l’époque Gordon Brown avait présenté ses excuses au nom du gouvernement britannique pour le traitement "déplorable" dont avait été victime le mathématicien. La reine Elizabeth II a accordé sa grâce royale en 2013. Un geste fustigé par certains qui estiment que Alan Turing n’a pas à être gracié, puisqu’il n’a rien commis de condamnable.
- Source Ellico
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