L’association Contact favorise le dialogue entre les enfants homosexuels et leurs parents. Elle vient d’achever sa 1ère édition du festival «Un Printemps pour le Dialogue en Île-de-France». Entretien avec Jean-Claude Pinchon, le président de Contact.
Contact est née dans l’esprit d’un ancien président du «MAG – Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi et Trans», qui se trouvait très fréquemment interpellé par les jeunes de l’association sur la difficulté à confier leur homosexualité à leurs parents, aboutissant parfois à des relations familiales conflictuelles voire à une rupture. Ressentant la nécessité de répondre à ce problème et suite à sa rencontre aux Etats-Unis avec Paulette Goodman, présidente de la fédération PFLAG (Parents, Families and Friends of Lesbians and Gays) au printemps 1992, des groupes de parole sur ce thème se sont dans un premier temps mis en place au sein du MAG. Dans un second temps, grâce au soutien de quelques parents et amis, il crée l’association Contact et la déclare officiellement début 1993. Jean-Claude Pinchon (photo) est aujourd’hui son président.
TÊTU: Comment avez-vous eu l’idée de créer «Un Printemps pour le Dialogue en Île-de-France»?
Jean-Claude Pinchon: Depuis plus de 15 ans, Contact* mène de nombreuses actions afin d’améliorer le dialogue et l’acceptation mutuelle dans les familles concernées par l’homosexualité et/ou l’homophobie, la plupart menée au sein de notre local situé au cœur de Paris. Depuis quelques années, nos interventions en milieu scolaire nous ont amenés à rencontrer des publics plus variés, comme par exemple les personnels infirmiers et sociaux des établissements scolaires. Nous avons voulu amplifier ce mouvement en engageant la discussion sur ces thématiques avec des populations qui ne sont pas nécessairement concernées directement, mais peuvent avoir des amis ou des membres de leur famille qui le sont, ou simplement des personnes qui sont intéressées par les sujets de société en général. Et pour éviter de limiter le public à celui du quartier où se situe notre lieu d’accueil, nous avons proposé à une vingtaine de mairies d’Ile-de-France d’accueillir une étape du festival.
Quel bilan dressez-vous ?
Pour cette 1ère édition, peu de mairies ont répondu à notre proposition mais celles qui l’ont fait ont montré un grand intérêt. Au final, nous avons réussi à programmer 5 étapes: deux à Montreuil (93), qui souhaitait amener le débat dans les quartiers sud et nord de la ville, deux à Paris (dans le 18e et dans le 19e) et une dernière étape à Saint-Denis (93) qui a dû être reportée à la dernière minute. La fréquentation n’a pas été très importante mais les échanges fort intéressants qui ont émaillé chacune des projections-débats nous confortent dans l’idée que ce type d’événement est à reproduire, en travaillant certainement de façon plus approfondie le plan de communication locale. Ce sera très probablement une des priorités pour l’édition 2011 de ce festival qui a été très apprécié des mairies qui nous ont accueillis et que nous pensons reconduire chaque année afin d’être encore plus présent dans la lutte contre les discriminations en général, et l’homophobie en particulier, et faire avancer les droits des LGBT.
Y aura-t-il d’autres initiatives du même ordre en province ?
En région Midi-Pyrénées, Contact organise également un festival itinérant. D’autres initiatives pourraient voir le jour dans d’autres régions, à surveiller de près auprès de l’association la plus proche de chez vous…
Quelles nouvelles perspectives après votre congrès annuel ?
Nous avons plusieurs projets d’envergure au sein de l’association, comme par exemple le rafraichissement de notre brochure à destination des jeunes, homos, bis ou qui se posent des questions. Nous souhaitons aussi mettre en place une ligne d’écoute nationale, alors qu’aujourd’hui chaque association communique sur un numéro local disponible plusieurs heures par semaine. Ceci afin de pouvoir proposer une écoute sur des créneaux horaires beaucoup plus amples. Enfin, nous pensons aussi lancer une rénovation du site internet et quelques autres projets permettant de poursuivre le développement des activités de l’association, pourquoi pas sur de nouveaux territoires si des groupes de volontaires venaient à se former.
Des projets pour la rentrée ?
Nous avons récemment mis au point un nouveau module d’intervention en milieu scolaire pour discuter avec les collégiens du modèle garçon/fille, et plus largement des questions de stéréotypes, pour aborder les questions de discriminations liées au sexisme et à l’homophobie. La rentrée scolaire sera l’occasion de commencer à le mettre en pratique de façon plus intense. Nous envisageons aussi de reproduire une projection-débat avec le «MAG – Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi et Trans» et d’autres associations étudiantes pour permettre de renforcer le dialogue entre les jeunes et leurs parents. Enfin, la rentrée sera l’occasion de commencer à travailler sur la prochaine édition du festival «Un Printemps pour le Dialogue» en parallèle de nos activités récurrentes que sont les groupes de parole, l’écoute téléphonique anonyme, les réunions inter-associatives ou encore des activités ludiques comme «Les sorties du placard».