L’adjudante transgenre de la base aérienne de Toul (en photo à gauche), à qui l’Armée de l’air avait accordé le «statut» de femme, s’est vue retirer ses papiers militaires féminins. Elle doit reprendre son ancienne identité masculine, suite à une décision de justice.
L’adjudante Delphine Ravisé-Giard (en photo au second plan, derrière Stéphanie Nicot, porte-parole de Trans Aide) paie cher sa demande de changement d’Etat civil effectuée, cet été, devant la chambre civile du tribunal de Nancy. La jeune femme souhaitait régulariser une situation acceptée depuis près de deux ans par l’Armée de l’Air, sa hiérarchie de la base aérienne 133 de Toul, ses collègues.
En février 2008, Thierry est devenu Delphine avec tenue de travail, badges et papiers militaires féminins (lire TÊTU d’octobre 2008). Mais le tribunal nancéien a rejeté la demande de changement d’Etat civil, au motif que l’adjudante de 40 ans refuse de produire tout certificat médical attestant d’une opération chirurgicale, cela «au nom des libertés fondamentales».Conséquence : «L’armée de l’air ne pouvait se soustraire à une décision de justice et il a été décidé que cette personne retrouve son identité initiale qui est masculine », fait savoir le Sirpa Air.
Tenue, badge et papiers militaires repassent au masculin
Delphine a été alertée aussi humainement que possible par sa hiérarchie de la base de Toul, mais le choc a été rude, il y a quelques jours, en découvrant sur sa solde le prénom de Thierry. Extrême raffinement, on lui a retiré la prime de sous-vêtements féminins accordée aux femmes militaires, et on lui a même imputé le remboursement de toutes celles qu’elle avait «indûment» perçues depuis deux ans !
Delphine, sous le choc, est en arrêt maladie. Son badge et ses papiers militaires sont également redevenus masculins. L’Armée lui consent juste le droit de travailler en vêtements féminins. Son avocat, Me Emmanuel Pierrat, vient d’adresser à l’administration une mise en demeure de respecter la vie privée de Delphine.
«Consignes du gouvernement»
«Elle ne peut pas travailler comme ça ! C’est comme si on la harcelait tous les jours», dénonce Stéphanie Nicot, porte parole de Trans Aide. Et d’assurer que «l’Armée de l’Air a toujours été correcte, c’est devenu un problème politique à partir du moment où Delphine a entamé une procédure judiciaire pour légaliser son changement d’identité. Il est clair que les consignes viennent du gouvernement et du cabinet d’Hervé Morin».
La Fédération LGBT vient d’adresser une lettre au ministre de la Défense, «pour l’honneur d’un militaire». Tandis que Delphine se réfugie dans le silence…
Photo Alfredo Piola