Une commercialisation des autotests de dépistage du sida devrait être encadrée par une série de précautions pour éviter erreurs d’interprétation ou usage coercitif, a estimé lundi le Comité national consultatif d’éthique (CCNE) dans un avis.
Ces tests – non encore autorisés dans l’Union européenne (UE) mais disponibles aux Etats-Unis – permettent à partir d’un échantillon de salive ou de sang de donner un résultat en 20 à 30 minutes sur la présence d’anticorps spécifiques produits en cas d’infection par le virus du sida, le VIH.
Le 22 mars dernier, le Conseil national du sida (CNS) a émis un avis favorable à leur sujet.
Pour sa part, le CCNE ne se prononce pas sur l’opportunité de commercialiser ou non ces tests en France, mais donne son avis sur les problèmes éthiques que cela poserait.
Ces problèmes avaient été en grande partie signalés dans son avis précédent de 2004, note-t-il en évoquant par exemple la limite technique des autotests (risque de résultats négatifs lorsque la primo-infection date de moins de trois mois) et les risques d’interprétation erronée en usage non professionnel.
Les autorités américaines en autorisant l’autotest sur salive (Oraquick) espèrent réduire la proportion de séropositifs qui ignorent leur état (20% comme en France) et qui seraient la cause de 70% des nouvelles contaminations.
Mais en France, l’accès au dépistage est plus large qu’aux Etats-Unis avec une prise en charge à 100% par l’assurance maladie, des centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), des tests rapides d’orientation diagnostic (Trod) réalisés par du personnel non médical formé, d’associations par exemple.
6.100 personnes y ont ainsi découvert leur séropositivité en 2011 (chiffres InVS), et quelque 30.000 autres vivent avec le VIH sans le savoir, rappelle le Comité.
Si des autotests venaient à être commercialisés en France, il faudrait évaluer leur effet sur la santé publique, notamment sur l’évolution du nombre de nouvelles contaminations, selon le CCNE, qui préconise aussi une surveillance de la qualité de ces tests.
Plus généralement, il suggère, comme le CNS, une vente dans les pharmacies, voire sur leurs sites internet, une notice claire incluant une information sur les centres de dépistage anonyme, ainsi que la mise en place d’une ligne téléphonique permanente et gratuite de conseils, en particulier pour ceux qui penseraient, à tort ou à raison, s’être détecté séropositif.
Le Comité d’Ethique souhaite également un renforcement du dépistage "accompagné", via notamment les CDAG, un accès gratuit à ces autotests dans des infirmeries scolaires du secondaire et à l’université, ainsi que pour les précaires.
Enfin des dispositions juridiques devront protéger contre toute pression visant à obliger une personne à faire un autotest.
- Source LE PARISIEN