Les 24-25 mai, l’Uni de Genève accueille une grande conférence sur la réalité des familles arc-en-ciel. Parmi les experts présents, des activistes québécois qui ont mis au point une méthode choc pour sensibiliser les enseignants.
Ça fait rêver. Alors qu’en Suisse, l’idée qu’il faut lutter contre l’homophobie à l’école fait lentement son chemin, au Québec, les activistes LGBT qui travaillent sur ces questions bénéficient du soutien des autorités et de portes déjà bien ouvertes pour sensibiliser le monde enseignant. Depuis 2009, la Coalition des familles homoparentales a en effet réussi à donner une formation portant sur la prévention de l’homophobie à près de 7000 enseignants, futurs enseignants du primaire et du secondaire, ainsi qu’à d’autres professionnels de l’enfance (éducateurs, infirmiers et infirmières scolaires) dans 13 des 18 régions administratives du Québec. «Notre approche consiste à faire comprendre au monde enseignant que l’homophobie ne touche pas qu’une minorité d’élèves concernés par l’homosexualité, mais tous les élèves, et qu’elle participe à banaliser la violence en général», explique depuis Montréal Mona Greenbaum, directrice générale de la Coalition des familles homoparentales. Selon l’organisation, qui cite une récente étude 35% des élèves du secondaire se définissant comme hétérosexuel-le-s sont victimes d’homophobie simplement parce qu’ils ou elles ne correspondent pas aux stéréotypes de genre. Et une grande majorité d’élèves sont confrontés chaque jour à des insultes homophobes.
Trousse pédagogique
Cette formation de trois heures n’est pas (encore) inscrite dans le cursus d’apprentissage des futurs enseignants ou de la formation continue, mais elle suscite un intérêt croissant auprès des établissements scolaires qui réclament du soutien sur ce front. L’organisation fournit en outre une «trousse pédagogique» à l’intention des professeurs, un support fort bien conçu qui leur permet d’appréhender la notion de diversité familiale avec leurs élèves et de travailler sur les préjugés homophobes. Pour ce travail éducatif, la Coalition des familles homoparentales bénéficie de subventions, dont celles du Ministère de l’Education (200’000 dollars canadiens, soit à peu près l’équivalent en francs suisses), et même du Ministère de la justice (20’000 dollars) qui voit dans cette action un moyen de prévention de la violence. Mais l’argent manque encore pour dresser un bilan quant à l’impact dans la lutte contre l’homophobie. «Cela nous coûte 30’000 dollars par an uniquement pour donner la formation», souligne Mona Greenbaum. La démarche bénéficie en revanche d’un précieux soutien, celui de la recherche universitaire: «Au Québec, la recherche à but social est très poussée. Nous bénéficions du transfert des connaissances pour faire avancer les choses».
Selon l’organisation, «l’homophobie demeure un des facteurs les plus importants d’intimidation en milieu scolaire» et il est important que la prévention se fasse dès l’école primaire. Ce constat s’applique bien entendu à la Suisse, où la prise de conscience qu’il faut agir à l’école commence enfin à venir à bout du tabou et de l’idée trop souvent entendue que «parler de l’homosexualité à l’école consiste à faire du prosélytisme» ou encore que «la violence homophobe n’est pas une réalité tangible ou importante».
Chez nous…
Les 24 et 25 mai à Genève, la manière dont on peut aborder ces questions à l’école sera précisément l’un des thèmes au programme de conférence nationale «Familles arc-en-ciel: des préjugés à la reconnaissance – mieux accueillir cette composante de la diversité familiale». Organisée par le groupe homoparents de l’association 360 et l’Association suisse faîtière Familles arc-en-ciel, en collaboration avec les Etudes genres des universités de Genève et Lausanne et la Fédération genevoise des associations LGBT, elle vise à ouvrir des portes sur la notion de diversité familiale et à interroger la manière dont les professionnels concernés (enseignants, travailleurs sociaux, psychologues, etc) abordent cette réalité sociale.
..Ça bouge
Signe que cela commence aussi à bouger en Suisse, la conférence est soutenue par l’Etat et la Ville de Genève, ainsi que l’Etat de Vaud. De nombreux expert·e·s suisses et étranger·ère·s,de renommée internationale, seront présent·e·s à ces journées. Mona Greenbaum sera notamment là pour y présenter sa «trousse pédagogique» à des enseignants et autres professionnels de l’enfance que les organisateurs espèrent bien entendu nombreux dans l’assemblée.
La conférence, mode d’emploi
Que disent les travaux les plus récents sur la condition des familles arc-en-ciel? Quel est l’impact de leur reconnaissance juridique – ou non reconnaissance – sur la vie familiale ? Comment les institutions et les professionnel-le-s concerné-e-s (écoles, milieux de la petite enfance, travailleurs sociaux, juristes,…) appréhendent-ils cette réalité sociale? Que se fait-il dans ce domaine à l’étranger? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées lors de cette conférence de deux jours, les 24 et 25 mais 2013 à Uni-Mail Genève (40, bd du Pont d’Arve). Le samedi, des activités pour les enfants seront proposées, tandis que leurs parents pourront suivre conférences et ateliers. La participation est gratuite, mais pour des questions d’organisation, il faut s’inscrire via le site Internet de la conférence ou l’on trouve également tout le programme: www.conference-famillesarcenciel.ch
- Source 360 CH