Meeno, 26 ans, et Amna, 35 ans, ont été enfermées dans des sacs, rouées de coups, et torturées jusqu’à la mort par la police saoudienne.
C’est une affaire d’une brutalité inouïe qui résonne depuis le Moyen-Orient, révélée par le média pakistanais The Express Tribune. Selon le site d’informations, deux personnes de nationalité pakistanaise sont décédées mardi 28 février en Arabie Saoudite après avoir été torturés par la police parce qu’elles étaient « habillés en femmes en public ».
Les deux victimes étaient Khawaja Sara, c’est-à-dire qu’elles appartenaient au « troisième genre » reconnu en Asie du sud et qui englobe à la fois les personnes trans, les travesties et les castrats. Plus communément appelés hijras (un terme considéré comme offensant par les militants qui lui préfèrent khawaja sara), ces dernières sont légalement reconnues en Inde, au Bangladesh, au Népal et au Pakistan où elles sont des citoyennes à part entière en droit d’aller voter. Même si, dans les faits, elles sont régulièrement soumises aux violences et à l’opprobre.
À l’inverse, l’Arabie Saoudite est l’un des pays qui condamne le plus durement l’homosexualité comme le travestissement, jugés immoraux et considérés comme des crimes graves. Les peines peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement, les coups de fouet et même la lapidation. Or cette fois-ci, pas de procès. Selon The Express Tribune, les policiers ont tout d’abord forcé les deux femmes trans, âgées de 26 et 35 ans, à rentrer dans des sacs, avant de les frapper violemment. Enfermées, les deux femmes ont enduré les coups de bâton jusqu’à la mort. Leur décès a été déclaré en garde à vue.
Trente-trois autres personnes du « troisième genre » arrêtées ce jour-là
« Torturer des êtres humains après les avoir jetés dans des sacs et frappés à coups de bâton est inhumain », dénonce Qamar Naseem, un militant des droits de l’homme interrogé par le journal pakistanais, « la souffrance est terminée pour [Amna et Meeno] qui ont été torturées physiquement, mais les autres languissent toujours dans les prisons saoudiennes. »
L’arrestation d’Amna et Meeno résulte en effet d’une descente de police survenue dans une maison de repos à Riyad, la capitale saoudienne, au cours de laquelle trente-trois autres personnes Khawala Sara ont été interpellées. Selon les forces de police, l’habitation était placée sous surveillance policière. Ce jour-là, les trente-cinq personnes étaient réunies pour désigner le « leader » (ou « gourou ») et les « élèves » de leur communauté dans le cadre d’une cérémonie pakistanaise nommée « Guru Chela Chalan ». Celles-ci étaient toutes originaires de la même province pakistanaise : Khyber Pakhtunkhwa, au nord du pays.
Les organisations internationales alertées
Selon Qamar Naseem, onze personnes sont parvenues à sortir de prison après avoir payé une amende de 150.000 riyals (soit l’équivalent de 38.000 €), mais vingt-deux autres sont toujours derrière les barreaux. « Ces individus n’ont pas été traités de manière équitable, pas même en vertu du droit pénal saoudien » argumente le militant qui a également prévenu la Commission nationale des droits de l’homme.
D’après The Independant, Amnesty International exhorte désormais les autorités saoudiennes à ouvrir une enquête « approfondie et indépendante » sur ces allégations en prenant en compte tout motif discriminatoire, et à traduire en justice les suspects – y compris si ces derniers sont des agents de l’État – selon les « normes internationales d’équité des procès et sans recours à la peine de mort ».
- SOURCE TETU