Une nouvelle commission gouvernementale a été nommée en Tunisie pour mettre fin à toutes les lois jugées discriminatoires. Pourtant, l’article 230 n’en fait pas partie.
En Tunisie, en 2018, il y a encore des gens comme Mohamed. Des gens qui sont poursuivis en justice pour le simple fait d’exister.
Mohamed a 25 ans, il est infirmier, il est tunisien, et il risque une peine de 3 ans de prison juste parce qu’il est gay.
Victime d’un viol à son domicile, Mohamed a eu le courage d’aller dénoncer son agresseur à la police. Lorsqu’il est arrivé au poste, il a eu une mauvaise surprise.
Au lieu d’obtenir la protection et la justice dont il avait désespérément besoin et à laquelle il avait droit, il été traîné en justice… parce qu’il est homo.
Si cela est possible c’est seulement parce que la Tunisie punit encore légalement l’homosexualité. Pire, on peut être condamné pour avoir enfreint l’article 230 du code pénal sans qu’aucun témoignage ne soit requis, sans que la police ne vous ait surpris en flagrant délit.
Pour contrôler ultérieurement la sexualité de ses citoyens, la Tunisie applique encore le “test anal” : une pratique atroce, sans la moindre valeur scientifique et constituant une forme de viol. Elle persiste malgré sa condamnation par le Conseil national de l’Ordre des médecins.
Shams – Pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie estime qu’au moins 71 personnes ont été arrêtées en 2017 en vertu de la loi tunisienne.
L’article 230 est aussi le symptôme de l’homophobie exacerbée de la société tunisienne. Il a coûté à Mohamed d’être suspendu de son travail après le verdict de son procès. Lorsque son père l’a appris, il l’a battu quotidiennement jusqu’à menacer de le tuer.
Cependant, il y a une possibilité réelle de changer les choses. Une nouvelle commission gouvernementale a été nommée en Tunisie pour mettre fin à toutes les lois jugées discriminatoires. Pourtant, l’article 230 n’en fait pas partie.
C’est pour cela qu’avec la collaboration de l’organisation de défense des droits LGBT All Out nous avons lancé un appel à Bochra Belhaj Hmida, présidente de la nouvelle Commission des libertés individuelles et de l’égalité afin qu’elle inclue le retrait de l’article 230 dans le rapport final de la Commission.
Cela représenterait probablement le crépuscule de cette loi homophobe en Tunisie et Mohamed pourrait échapper à la prison. Lui, et tant d’autres arrêtés cette année.
- SOURCE huffpostmaghreb.com