Ce vendredi, la vie de deux enfants va sera peut-être simplifiée par la cour de cassation. La plus haute juridiction française doit dire si elle accepte de transcrire en droit français leur acte de naissance établi à l’étranger. Si c’est autant compliqué, c’est qu’ils sont nés tous les deux à l’issue d’une Gestation pour autrui (GPA), un procédé illégal en France.
Il s’agit d’une petite fille et d’un jeune garçon âgé d’à peine quatre ans. Les parents de la première se refusent à médiatiser leur histoire. Pas les seconds qui mènent même un combat pour la reconnaissance de l’homoparentalité. Jérôme Gourod est un chef d’entreprise de 48 ans. Son mari, Dominique Boren, un juriste de 51 ans, est le coprésident de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL).
Ils se sont rencontrés en 1992 via le Minitel rose
C’est autant pour leur petit Kolia qui aura 4 ans au mois d’août, que pour les centaines d’autres enfants nés d’une mère-porteuse qu’ils attendent un changement de jurisprudence. "Nous voulons juste être une famille! Tranquille. Qui ne subit pas la violence institutionnelle", assurait Dominique dans un article de Libération paru au moment de l’audience du 19 juin.
"Cette inscription de mon fils dans l’ordre juridique français est essentiel pour moi car c’est la seule manière de reconnaître valablement la filiation. La refuser, c’est faire violence aux enfants nés de mère porteuse à l’étranger", ajoutait-il au même moment dans Le Figaro. Dans cette même interview, il revenait sur le rôle de son mari, rencontré en 1992 sur le Minitel rose. "Nous sommes ensemble depuis 25 ans! Il est parent à part entière. Pour lui, c’est difficile de ne pas être reconnu officiellement comme tel. Nous envisageons de faire les démarches pour qu’il légalise son statut", expliquait-il.
Tous deux reconnaissent qu’ils auraient préféré une adoption, qui leur auraient évité ces années d’enfer administratif. "On aurait voulu adopter mais nous n’avions quasiment aucune chance", justifie Jérôme dans un article de Libération.
Dominique est le père biologique
Sans autre possibilité pour devenir parents, ils se sont donc orientés vers la GPA. D’abord aux Etats-Unis, en 2007, où plusieurs tentatives en Floride se soldent par des échecs. Au-delà des grosses dépenses financières, ils évoquent un parcours "douloureux". Mais pas question d’abandonner et c’est donc vers la Russie qu’ils se tournent. A Moscou, ils font la connaissance, via une agence, de Kristina. "Nous échangions en anglais", se souvient Dominique dans Le Figaro. C’est lui qui a donné ses gamètes, ce qui en fait donc le père biologique. "Nous avons veillé à ce qu’elle soit bien indemnisée par l’agence, bien accompagnée", ajoute-t-il à Libération.
A l’époque, ils n’ignoraient rien des motivations de la jeune femme. Ils assument qu’elle furent essentiellement matérielles; Kristina cherchait une manière d’obtenir de l’argent pour prendre ses distances d’avec ses parents. Depuis qu’elle a accouché de leur fils en août 2011, elle a eu un nouvel enfant, pour elle. "Nous avons des contacts épisodiques mais réguliers. Je lui adresse des photos de mon fils. Je lui ai envoyé également les anciens vêtements de notre enfant pour qu’elle les transmette aux siens", souligne Dominique.
Il va s’en dire que s’ils ne regrettent pas leur choix, ils auraient bien évidemment préféré y avoir recours en France. "Ce serait plus simple si la GPA, plutôt que d’être interdite, était bien régulée, encadrée. Il n’y aurait plus ces agences qui se font de l’argent. Tout l’argent irait aux femmes qui méritent d’être dédommagées", lance Jérôme dans Libération. "Son arrivée en France me semble inéluctable", ajoute Dominique dans le Figaro. Mais il milite pour un vrai débat, loin de "la mise en scène et des vociférations" qui jalonne selon lui les discussions actuelles.
- SOURCE huffingtonpost.fr