Un groupe évangélique joue la carte de l’oecuménisme pour exiger un durcissement des lois antigay en Ethiopie. Dans un climat de «panique morale», beaucoup de gays fuiraient le pays.
Tous les moyens sont bons pour décourager les «comportements» homosexuels, y compris les plus extrêmes. C’est le message qu’a convoyé United for Life Ethiopia (ULE) auprès des dirigeants éthiopiens, la semaine dernière. L’organisation évangélique tenait conférence en présence de membres du Gouvernement, de leaders religieux de différentes confessions et de représentants des organisations de charité et de santé nationale, rapporte Gay Star News. Objectif: combattre la reconnaissance de l’homosexualité comme un fait naturel ou comme une partie intégrante des Droits de l’homme. Le responsable du Conseil inter-religieux contre l’homosexualité a fait état de «progrès» pour convaincre le Gouvernement d’être plus strict dans la répression de l’homosexualité et d’introduire la peine de mort pour «de tels actes».
En Ethiopie, les actes homosexuels sont déjà illégaux et passibles de 15 ans de prison au maximum. En 2007, les principaux courants religieux avaient tenté d’inscrire l’interdiction de l’homosexualité dans la Constitution. Quelque 97% de la population (majoritairement chrétienne*) rejette l’homosexualité, selon un sondage mené cette année-là par le Projet Pew Global Attitude – le deuxième taux le plus élevé au monde.
Crimes de haine à la hausse
Une militante de Rainbow Ethiopia interviewée par le site britannique souligne que la manifestation a eu un grand retentissement dans le pays. «La tendance à l’homophobie et aux crimes de haine sont à la hausse en Ethiopie. Ces organisations créent une panique morale et alimentent le public en fausses informations et en allégations fantaisistes. Ils font peur en disant que les homosexuels violent les enfants et les ‘recrutent’. Ils présentent certains membres de la communauté LGBTI comme des mercenaires entraînés et financées par l’Occident.» Selon elle, les gays éthiopiens seraient de plus en plus nombreux à fuir le pays vers l’Europe ou vers Israël, via l’Egypte et la Libye, au péril de leur vie.
Bien qu’elles fustigent l’Occident, les organisations à l’origine de cette campagne homophobe y bénéficieraient de puissants relais. ULE serait notamment basé au Royaume-Uni. Une autre organisation qui prend une part active à la diffusion de rumeurs sur les prétendus rapts d’enfants par des homosexuels, Bright Children Voluntary Association, bénéficie de l’appui de l’Onusida et de l’Ambassade des Etats-Unis à Addis Abeba. Pour mémoire, l’Ouganda voisin est aussi en proie à une violente agitation antigay, orchestrée là encore par des fondamentalistes basés aux USA.
- SOURCE 360 CH