Le footballeur vient de porter plainte pour menaces, diffamation et injures publiques contre un ancien coéquipier du FC Chooz. Ce dernier l’avait violemment insulté sur Facebook.
Après une salve d’insultes d’une violence inouïe, Yoann Lemaire s’est décidé à porter plainte. Le footballeur pensait pourtant avoir laissé l’homophobie au vestiaire, mais le 24 juillet dernier, il s’est retrouvé menacé et insulté par l’un de ses ex-coéquipiers. Ce dernier avait inscrit sur le mur Facebook d’un ami des messages homophobes, accompagnés de menaces.
Yoann Lemaire tente depuis plusieurs années de briser le tabou qui règne autour de l’homosexualité dans le monde du football. Il avait fait son coming out alors qu’il évoluait encore dans son ancienne équipe des Ardennes, le FC Chooz. Fatigué des insultes homophobes dont il était constamment la cible, il avait décidé de quitter son club, et s’était retrouvé sur le devant de la scène médiatique en décembre 2009, quand il avait sorti son livre, Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j’étais… (lire article).
Menaces homophobes
Le récépissé de plainte rapporte des propos particulièrement crus. L’orthographe est approximative et les clichés sur les homosexuels s’empilent. On y retrouve entre autres, un amalgame nauséabond entre l’homosexualité et la pédophilie. Et surtout des menaces: «mon pote je rigole pas moi, vient ce soir je te saigne comme une truie».
La plainte a été déposée le 11 août dernier. Contacté par TÊTU, le footballeur gay juge «les menaces intolérables et inquiétantes». «Mais je pense que c’est une sorte de pression de mon ancien club pour que je ne revienne pas y jouer», ajoute-t-il. Yoann Lemaire avait signé une convention avec la Fédération française de football (FFF), prévoyant sa réintégration dans l’équipe.
«Minorité agissante»
Le joueur ne regrette pas pour autant d’être sorti du placard. «J’ai simplement voulu être honnête avec mes coéquipiers, explique-t-il, je ne comprends pas pourquoi j’aurais dû cacher mon homosexualité.» Malgré le soutien important qu’il a reçu depuis la médiatisation de son histoire, il avoue avoir été surpris par les réactions négatives. «Le problème, juge-t-il, c’est qu’une simple minorité agissante puisse faire autant de dégâts.»
Interpellé par Paris Foot Gay, le FC Chooz avait promis d’enquêter sur ces dérapages homophobes (lire article). «Mais rien n’a été fait depuis», regrette l’ancien joueur du club. Il refuse pourtant de baisser les bras: «Je pense surtout aux jeunes sportifs homos, explique t-il, qui hésitent à parler de leur sexualité parce qu’ils pourraient se sentir menacés.»