SOS homophobie a livré l’édition 2011 de son rapport sur l’homophobie: forte augmentation des témoignages reçus, hausse des agressions… Le constat est alarmant.
Internet et les lieux publics sont devenus «des forteresses de l’homophobie» en France, dénonce mercredi l’association SOS homophobie dans son rapport annuel, déplorant une forte augmentation des témoignages de menaces et d’agressions physiques en 2010.
Avant la Journée mondiale contre l’homophobie le 17 mai, le rapport de l’association, qui a enregistré la plus forte hausse de signalements homophobes (1.483, +18%) depuis 15 ans, fait état d’une forte montée (plus 66%) de l’homophobie sur internet, devenu le principal vecteur d’actes homophobes.
Ainsi, 21% des témoignages font part d’homophobie de la part d’internautes ou des responsables de sites eux-mêmes, souvent d’orientations religieuses ou d’extrême droite, explique le rapport.
Internet, «arme redoutable»
Diffamation, insultes, harcèlement, chantage ou menaces, internet représente un des derniers bastions «où peut s’exprimer publiquement une homophobie décomplexée», regrette l’association, qui souligne que «les appels au meurtre (de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transexuelles) sont légions» et que «ces discours tardent bien souvent à être modérés».
Le rapport déplore d’ailleurs que les éditeurs et modérateurs de sites «soient de plus en plus à l’origine de propos homophobes».
«Internet peut s’avérer une arme redoutable quand il s’agit d’attaquer personnellement des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles ou transexuelles)», dont certaines «sombrent dans la dépression suite aux attaques à répétition de leur blog, site web», ajoute le rapport.
«Hitler n’a pas fini son travail»
Stéphane, 54 ans, qui travaille dans l’hôtellerie en Corse en a fait les frais. «Hitler n’a pas fini son travail» envers les homosexuels et les Juifs: c’est une partie des messages haineux qu’il a reçus sur un site de rencontres hétérosexuelles et homosexuelles, par un homme qui n’a pas supporté que Stéphane vote pour sa photo dans le cadre d’un classement des participants. «J’en ai pleuré, ça m’a fait tellement peur», confie-t-il.
Après internet, c’est dans les lieux publics que se concentrent les actes homophobes, avec 13% des signalement constatés. Selon le rapport «cette année est marquée par une augmentation sans précédent du nombre de cas signalés sur les lieux publics, soit une hausse de 43% entre 2009 et 2010».
Nouveaux terrains
Au total, près d’un cas d’homophobie sur cinq se déroulent dans les lieux publics et les commerces et services, ainsi que «plus de la moitié des agressions physiques», remarque l’association.
Elles ont lieu dans la rue, dans les transports en commun, mais aussi dans les lieux connus comme endroits de drague gays, où des «bandes homophobes» viennent «casser du pédé», relève SOS homophobie.
«L’homophobie se développe sur de nouveaux terrains» et «dans les contextes où l’anonymat est possible», et où les homophobes estiment «qu’ils encourent moins de risques», note l’association, jugeant «pas très surprenant que ces contextes soient devenus des forteresses de l’homophobie».
Hausse des agressions
Dans plus de la moitié des témoignages, l’homophobie se caractérise d’abord par des insultes, mais avec 125 cas recensés en 2010, les agressions physiques ont connu une «hausse sans précédent», passant de 88 à 142 (plus 42%).
Ce sont majoritairement les hommes qui sont agressés (75%), mais les femmes ne sont pas épargnées (23%, en hausse de 60%). Deux pour cent concernent des transsexuels.
Le voisinage (19% des témoignages) et l’entourage familial et amical (13%) réunissent également une part significative des agressions physiques homophobes.
Par contre, le nombre de cas concernant l’environnement professionnel diminue (12% contre 14% en 2009), alors que le travail était le premier contexte pour lesquel SOS homophobie était interpellée jusqu’en 2008.