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 d’ADHEOS

L’épiscopat italien a fermement contesté mercredi une proposition de loi en cours de discussion sur la répression de l’homophobie dans le pays, suscitant immédiatement une levée de boucliers de la part d’organisations homosexuelles et de députés.
 
La direction de la Conférence épiscopale italienne (CEI) considère avec "préoccupation", dans un communiqué, un projet législatif portant sur des délits homophobes, examiné par la commission justice de la Chambre des députés. "L’introduction éventuelle de nouvelles dispositions incriminantes risquerait d’ouvrir la voie à des dérives liberticides, des discriminations", jugent les évêques italiens, jugeant que l’Italie est déjà dotée d’instruments juridiques adéquats.
 
"Soumettre par exemple à une procédure pénale ceux qui estiment que la famille exige un père et une mère, et non la duplication de la même figure, reviendrait à introduire un délit d’opinion. Cela limite de fait la liberté personnelle, les choix éducatifs, la façon de penser et d’être, l’exercice de la critique et de la dissidence", s’insurge la direction de la CEI. Elle rappelle que "les discriminations, y compris celles basées sur l’orientation sexuelle, constituent une violation de la dignité humaine", mais estime qu’elles peuvent être mieux combattues à travers "un effort éducatif".
 
Pour l’organisation italienne Gaylib, la position de l’Eglise italienne reflète "l’habituel obscurantisme clérical qui persiste malgré les ouvertures médiatisées du pape François". L’association Arcigay s’est dite "peinée mais pas surprise de retrouver la CEI sur les barricades", alors que "les forces politiques ont le devoir d’apporter une réponse à tant de personnes qui ont subi et subissent des violences".
 
La présidente de la commission justice de la Chambre des députés, Francesca Businarolo (Mouvement 5 Etoiles au pouvoir), a estimé que les évêques ne veulent pas "prendre acte d’une dure réalité de discrimination pour laquelle nous ressentons la responsabilité politique et éthique d’agir".
 
Le rapporteur du projet de loi, un député du parti démocrate (PD), a pour sa part expliqué que le texte contre l’homophobie ne comporte aucune limitation de la liberté d’opinion, mais vise à une meilleure protection de personnes vulnérables. "Nous parlons d’histoires de jeunes qui sont battus dans la rue parce qu’ils se tiennent la main ou qui sont agressés, harcelés ou tués en raison de leur orientation sexuelle", a souligné Alessandro Zan, en estimant que l’Italie est à la traîne au niveau législatif en Europe.