« Les LGBT à l’Assemblée ont un soutien solide » déclarait l’hebdomadaire Le Point cette semaine. Il parlait de Laurence Vanceunebrock-Mialon, députée de l’Allier, ex-policière élue sous l’étiquette de La République en Marche. Un entrefilet qui venait officialiser médiatiquement, et nationalement, ce qu’elle n’a jamais caché sur son territoire : elle a deux enfants avec son ex-compagne. Elle est lesbienne.
Au début de l’été, elle disait à TÊTU être « à la tête d’une famille homoparentale » et semblait partante pour un coming out médiatique. Puis elle a tout simplement partagé l’article du Point sur sa page Facebook le 20 novembre dernier. Mine de rien, elle n’est que la deuxième députée ouvertement lesbienne de l’histoire à siéger à l’Assemblée nationale, après Françoise Gaspard entre 1981 et 1988, Au Sénat, on n’a connu qu’une seule élue ouvertement lesbienne, l’ancienne sénatrice Corinne Bouchoux, de 2011 à 2017.
Elle a précisé mardi sa démarche à nos confrères du site Hornet où elle annonce vouloir s’investir dans les débats à venir sur la révision de la loi bioéthique en 2018, notamment pour faire avancer le dossier de la PMA. Car elle connaît le sujet, et ses affres. Mère avec son ex-compagne de deux adolescentes, de 17 et 13 ans aujourd’hui, conçues par PMA en Belgique, elle n’a aucun droit sur la plus jeune. Les deux femmes se sont séparées avant l’ouverture du mariage à tous les couples en 2013 et elle n’a par conséquent pas pu l’adopter : en France, pour les gays et les lesbiennes, il faut impérativement se marier pour devenir parent et passer devant le tribunal… alors que dans un couple hétéro non marié, le père peut simplement reconnaître son enfant auprès du service d’état civil. Cette situation crée donc des difficultés particulières pour les familles homoparentales, comme la députée l’explique à Hornet :
Si je pars en vacances avec mes filles et qu’il arrive quelque chose à la plus jeune, il faudra appeler la « mère du ventre » pour prendre d’éventuelles décisions médicales. Et il y a plein d’exemples comme ça…
Elle n’a, de fait, aucun droit ou devoir envers sa plus jeune fille, et, réciproquement, son ancienne partenaire envers leur fille aînée.
Espérons que le « débat » attendu au Parlement sur le sujet fin 2018 selon Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’Égalité femmes-hommes et des questions liées aux personnes LGBT, ne sera pas mené dans les mêmes conditions que celui du mariage pour tous. Un an avant, les dérives ont déjà commencé…
Le monde associatif reste perplexe sur ce calendrier. Il faut dire que depuis les promesses de François Hollande sur la PMA, on ne voit rien venir : 5 ans déjà ont passé, et les problèmes ont perduré. Les LGBT auront-ils.elles un solide soutien sur les questions d’égalité en général ? Ce sera en tout cas l’occasion d’entendre une lesbienne qui connaît le sujet en parler…
Un non-coming out ou un non-événement ?
Laurence Vanceunebrock-Mialon, originaire du Nord, vit dans la petite ville de Bellenaves dans l’Allier, dont elle est aujourd’hui la députée, élue avec 52% des voix en juin dernier.
Pour elle, ce coming out n’en est pas un. En tout cas pas au niveau local, comme Hornet l’a constaté :
Tout le monde est au courant. J’ai emménagé en 2002 et je suis tout de suite allée voir la directrice de l’école pour lui expliquer que ma fille vivait dans un contexte familial particulier. Tout s’est bien passé. Et tout se passe bien.
Je vis mon homosexualité de manière normale… Je n’ai pas de drapeau chez moi. Je suis quelqu’un d’assez classique… Je suis chiante, en fait !
Pas de drapeau, mais une vie assumée au grand jour et au niveau national désormais, ce qui change tout !
Il y a donc une députée lesbienne, et 5 députés ouvertement gays à l’Assemblée nationale. Parmi eux, le sénateur-maire socialiste d’Alfortville Luc Carvounas, premier parlementaire français marié à une personne du même sexe, l’ex-adjoint chargé du commerce à la mairie du IVe arrondissement de Paris, pacsé avec son compagnon, Pacôme Rupin (LREM) ainsi que le cofondateur de GayLib passé au Front national Sébastien Chenu dans la 19e du Nord et l’adjoint au maire FN d’Hénin-Beaumont Bruno Bilde, dans la 12e du Pas-de-Calais, ont fait leur entrée dans l’hémicycle cette année. Le député-maire LR de Coulommiers Franck Riester, élu avec 68,89% des suffrages dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne, est le seul sortant à avoir été réélu, le député écologiste Sergio Coronado ayant été battu par la candidate macroniste Paula Forteza dans la deuxième circonscription des Français de l’étranger.
Comme le notait Libération au moment de l’élection législative, les députés out (tous des hommes) représentaient un peu plus de 0,8% des élus du Palais Bourbon. Voilà qui, statistiquement, augmente la présence des députés LGBT… Malgré les engagements présidentiels, et même si de nombreux députés sortants opposés au mariage pour tous ou à la PMA ont été défaits (Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dhuicq, Jacques Myard, David Douillet…), même si le mouvement né de la Manif pour tous, Sens commun, n’a pu obtenir aucun député, ils auront fort à faire, notamment face à ces députés de leurs propres camps qui n’ont pas brillé par leur défense de l’égalité des droits jusqu’ici : Vincent Bru, élu dans les Pyrénées-Atlantiques, et Olivier Serva, élu en Guadeloupe, ne sont pas franchement des alliés. Ce dernier avait scandalisé l’opinion en déclarant en 2012 que l’homosexualité était une « abomination ». Laurence Vanceunebrock-Mialon explique qu’il lui a depuis demandé de travailler sur les discriminations LGBT aux Antilles et en Guadeloupe en particulier…
- SOURCE TETU