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 d’ADHEOS

Les organisations LGBT espèrent le maintien de la marche prévue le 31 mai. Le gouvernement serbe hésite à donner son feu vert, alors que l’extrême droite menace de se mobiliser.
La Gay Pride de Belgrade s’ouvre la semaine prochaine, avec des événements et des activités culturelles prévus pour fêter la tolérance. Deux semaines d’activités doivent s’achever sur une parade dans les rues de la capitale, le 31 mai. Ça, c’est pour le programme, car la tenue de cette manifestation reste incertaine. Comme l’a rappelé le maire de Belgrade, son maintien dépendra «de l’appréciation des autorités compétentes», autrement dit, du bon vouloir du gouvernement.
 
Les militants LGBT serbes tentent depuis 2001 d’organiser une marche des fiertés dans la capitale. Le projet n’a, jusqu’à présent, abouti qu’une seule fois: en 2010. A l’époque, il s’était terminé dans un chaos indescriptible. Des vagues de casseurs issus des rangs des clubs de supporters ultras avaient mis à sac le centre-ville.
 
Petit Stonewall de 2013
Le gouvernement, qui rechigne à déployer les effectifs de sécurité nécessaires, a toujours préféré annuler l’évènement, prétextant des risques de violences et d’affrontements. En septembre 2013, une annulation de dernière minute a donné lieu un rassemblement spontané de centaines de militants gays et lesbiennes. L’événement aura prouvé qu’une manifestation LGBT pouvait avoir lieu dans le calme. Ce petit Stonewall n’a cependant pas permis de rendre plus certain le sort de la Pride 2014. De fait, des voix s’élèvent déjà contre la marche. Le groupe Dveri, une organisation orthodoxe d’extrême droite, a menacé de «prendre des mesures» contre l’organisation de la Pride, comme le rapporte le site Balkan Insight. Dveri était un des mouvements qui a mobilisé contre le rassemblement de 2010.
 
Peu après la manif LGBT improvisée de l’an dernier, le président Tomislav Nikolic avait encouragé les associations LGBT à s’organiser sans attendre pour le succès d’une marche en 2014. «Nous avons une situation où le fait de ne pas pouvoir tenir cet événement remet en cause la vocation européenne de la Serbie», avait-il déclaré.
 
Signal d’engagement vers l’UE
L’Union Européenne (UE), à laquelle la Serbie est candidate depuis 2012, a souligné à de nombreuses reprises l’importance du respect des droits de la communauté LGBT comme critère d’adhésion. L’ambassadeur néerlandais en Serbie, dans une lettre adressée au premier ministre en septembre 2013, avait insisté sur le fait qu’«une parade se déroulant dans la paix et la joie à Belgrade […] sécurisée comme il se doit par les autorités, serait un signal supplémentaire de l’engagement de la Serbie à créer une culture de tolérance et de diversité.» Les annulations successives ont été ressenties par l’UE comme un véritable échec de l’amélioration des droits des minorités dans le pays.