Après deux ans de guerre acharnée avec la Mairie du IVème arrondissement de Paris, Frédéric Hervé a obtenu l’autorisation pour ouvrir le WOO, une boîte de nuit de 400 mètres carrés en plein cœur du quartier gay de la capitale.
C’est la fin d’une bataille de longue haleine pour Frédéric Hervé. L’homme qui gère deux établissements emblématiques du Marais à Paris – Le Cox et le FreeDJ – a depuis deux ans l’ambition d’ouvrir une immense boîte de nuit dans le cœur de la capitale, à deux pas du centre Pompidou.
Ce projet inédit a causé bien des altercations entre le gérant et la Mairie du IVème arrondissement de Paris(lire article). «Avant même qu’on ne signe le bail, la Mairie nous a d’emblée mis des bâtons dans les roues et a crié au scandale, invoquant notamment les nuisances sonores», déclare à TÊTU Frédéric Hervé, qui met directement en cause la maire Dominique Bertinotti. Son de cloche différent du côté de la Mairie du IVème, qui explique qu’elle n’a rien contre le projet d’une boîte de nuit dans le Marais, mais pas à l’endroit où Frédéric Hervé l’a décidé. «Contrairement à ce qu’affirme Frédéric Hervé, des riverains habitent au-dessus de son établissement et bien que nous soyons tout à fait favorables à une vie la nuit dans ce quartier, notre devoir est aussi d’être le garant des habitants», estime un élu de la Mairie, qui évoque «la mauvaise foi» de Frédéric Hervé tout au long de cette histoire, qui aura duré près de deux ans et demi.
Au bout du compte, le dernier mot est venu de la Mairie de Paris: Frédéric Hervé a finalement obtenu l’autorisation d’ouvrir son établissement. Cette fois, c’est sûr: le WOO verra bien le jour à l’endroit souhaité par le gérant, rue Pierre au Lard, entre le Centre Pompidou et la rue du Temple.
TÊTU: Quand l’ouverture du WOO est-elle prévue ?
Frédéric Hervé: Il est encore difficile de donner une date précise parce qu’on est en plein travaux, mais on espère ouvrir au printemps 2012.
Vous avez mis du temps avant d’avoir l’autorisation de la Mairie de Paris. Comment avez-vous finalement réussi à les convaincre?
Le fait que la situation ait été médiatisée a contraint la Marie de Paris à respecter les textes de loi. En réalité, il n’y avait aucune raison qu’on nous refuse un permis de construire. A part la Mairie du IVème arrondissement, tous les avis étaient favorables, donc il n’y avait aucun élément juridique qui permettait d’arrêter la construction de la boîte. Au final, c’est la Mairie de Paris qui est responsable des permis de construire et qui a le dernier mot. Elle n’était pas contre le projet mais on aurait aimé qu’elle fasse preuve de plus d’enthousiasme afin d’accélérer les choses!
Comment décririez-vous le WOO? En quoi sera-t-il différent des autres établissements gays de Paris?
Ce sera le premier vrai club gay du Marais. L’espace est grand, il s’étend sur 400 mètres carrés, presque 500 avec le restaurant (le Who’s Bar, adjacent, qui a remplacé le Curieux Spaghetti Bar, ndlr), c’est haut de plafond, ce n’est pas une cave comme beaucoup d’autres discothèques parisiennes. C’est un vrai espace qui permet de faire de grandes soirées et de recevoir beaucoup de personnes. Cela fait très longtemps qu’un nouvel établissement n’a pas ouvert dans le Marais. On se sentait un peu à l’étroit dans les bars et on avait envie de proposer un vrai espace pour faire la fête. C’est une bonne chose pour le Marais. Tous les quartiers gays en Europe ont un ou deux clubs gays. A Paris, nous étions les seuls à ne pas avoir ça!
Comment comptez-vous vous démarquer des autres boîtes gays de Paris, même si elles ne sont pas dans le Marais?
On a une sensibilité un peu différente car l’établissement appartient à un homo! Les autres établissements gays parisiens sont gérés par des hétéros donc je ne suis pas sûr qu’ils aient le même regard. On veut aussi avoir une mixité beaucoup plus large dans le club. J’ai envie qu’un homo de 40 ans se sente à l’aise autant que les jeunes de 20 ans. Les boîtes qui existent sont un peu stéréotypées et le week-end, on a envie de retrouver quelque chose de plus festif et peut-être plus généraliste musicalement. Ce n’est pas normal que Les Follivores restent la soirée gay leader à Paris, ça veut dire qu’il y a un problème. Les soirées gays du week-end sont trop pointues. L’idée du WOO est de retrouver un vrai endroit pour faire la fête la nuit.
Vous avez déjà délimité le style musical?
Honnêtement, pas vraiment. On vient tout juste d’avoir le permis, on est davantage préoccupés par les travaux que par la direction artistique. Par contre, on aménage l’endroit de sorte à ce qu’il soit très modulable et qu’on puisse y produire plein d’expressions artistiques et de thèmes de fête différents. Mais on n’a pas d’agenda précis. On n’en est pas encore tout à fait là!
Le WOO. Ouverture prochaine au 3 rue Pierre au Lard. Paris 75004. Plus d’information sur le site internet.