NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Suite à l’adoption d’une loi homophobe, le mouvement LGBT appelle au boycott de l’alcool russe et fait pression sur Moscou à six mois des JO d’hiver de Sotchi.
Non à l’homophobie, non à Sotchi. Ce pourrait être le slogan du mouvement qui émerge, en Europe et Amérique du Nord, à six mois de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver sur le bord de la mer Noire. Depuis quelques semaines, les appels se multiplient pour dénoncer la répression menée en Russie contre les homosexuels.
 
Dans une «lettre ouverte à David Cameron et au Comité international olympique» publiée mercredi (à lire en anglais ou en français), l’acteur britannique Stephen Fry (très suivi sur Twitter) n’y va pas de main morte, comparant Poutine à Hitler. «Je vous écris avec l’espoir sincère que tous les amoureux du sport et de l’esprit olympique réfléchiront à la tache qui s’est faite sur les Cinq Anneaux quand les Jeux de 1936 à Berlin se sont déroulés sous l’égide d’un tyran qui avait promulgué deux ans plus tôt une loi qui réservait une persécution toute particulière à une minorité dont le seul crime était d’être venue au monde. (…) Poutine reproduit de façon sinistre ce crime fou, cette fois-ci contre les membres russes de la communauté LGBT [Lesbiennes, Gays, Bi et Trans, ndlr]. (…) Une interdiction absolue des Jeux olympiques d’hiver 2014 en Russie à Sotchi est tout bonnement essentielle. Installez-les dans l’Utah, à Lillehammer, où vous voulez. Il faut à tout prix que Poutine ne puisse pas avoir l’approbation du monde civilisé.»
 
En juin, la Douma a adopté une loi qui punit tout acte de «propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles devant mineur» de lourdes amendes. Le ministre russe des Sports, Vladimir Moutko, a fait savoir la semaine dernière que les sportifs homosexuels étaient les bienvenus à Sotchi, mais qu’ils devaient «respecter» la nouvelle loi. La Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, interdit régulièrement les gay prides et autres manifestations homosexuelles. Les cas d’agressions homophobes y sont fréquents. Plusieurs voix demandent au Comité olympique de prendre officiellement position contre la politique du Kremlin.
 
«Laisser tomber la vodka russe»
 
Le mouvement de révolte a pris un tour inattendu début août avec le boycott de la vodka russe par des clubs gays. L’idée est venue de l’écrivain américain gay Dan Savage : «Boycott ou pas, il y a une chose que l’on peut faire ici, maintenant, à Seattle et ailleurs pour montrer notre solidarité aux gays russes et pour attirer l’attention sur la persécution des homos, lesbiennes, bisexuelles, trans en Russie : laisser tomber la vodka russe.»
 
Le flyer de la campagne, également relayée sur Facebook.

Désormais, on ne trouve donc plus de vodka russe dans plusieurs clubs gays à Chicago ou New York, mais aussi à Montréal, Vancouver, Berlin ou Londres. A Londres, les clubs Heaven, Shadow Lounge, Manbar suivent le mouvement. La Suisse semble s’y mettre aussi.

Principale visée, la vodka Stolichnaya, l’une des plus distribuées. Elle est produite pour partie à Riga, en Lettonie, mais les capitaux de la marque sont russes. Le groupe SPI, qui la distribue à l’international et est domicilié au Luxembourg, a vivement réagi dans une lettre qui se veut gay friendly. «la vodka Stolichnaya a toujours été et continue d’être un fervent supporteur de la communauté LGBT», se défend-il. Un groupe LGBT letton, Mozaika, a d’ailleurs fait cause commune avec la marque, arguant qu’un boycott affecterait surtout l’économie lettone, non l’homophobie russe.
 
Plusieurs pétitions circulent contre la politique du Kremlin à l’égard des homosexuels. La principale est celle de AllOut, une organisation américaine spécialisée dans l’action en ligne pour défendre les droits homos. Elle en est à plus de 330 000 signatures. Une pétition circule aussi pour appeler à une manifestation devant l’ambassade de Russie à Londres le 10 août.