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 d’ADHEOS

Après le vote d’une réforme quasi-consensuelle, même l’Eglise d’Angleterre assouplit sa position. Des prêtres veulent célébrer des unions homosexuelles ou… se marier avec leurs partenaires.
«Quand j’ai fait mon coming out en 1983 à 20 ans, la majorité sexuelle était à 21 ans. J’ai eu ma première relation sexuelle avec un autre jeune de 20 ans et nous aurions pu aller en prison», se souvient Matthew Toresen, travailleur social de Northampton, dans le centre de l’Angleterre. À 51 ans, il devait être parmi les premiers Anglais à pouvoir épouser son compagnon du même sexe, Scott Maloney, 45 ans. Il n’aurait «jamais imaginé que ce jour viendrait».
 
Du nord au sud de l’Angleterre et du pays de Galles (l’Ecosse et l’Irlande du Nord ne sont pas concernées), des dizaines de cérémonies sont organisées dès le douzième coup de minuit, vendredi soir, heure de l’entrée en vigueur de la loi autorisant le mariage gay en Grande-Bretagne.
 
Si selon un sondage un cinquième des Britanniques disent qu’ils refuseraient d’assister à une telle célébration, l’adoption de la réforme l’an dernier s’est déroulée sans remous ; une vaste majorité de la population y était favorable. À Londres, le drapeau arc-en-ciel flotte au fronton des bâtiments ministériels pour fêter l’entrée en vigueur de la loi. Une grande fête musicale est prévue au Royal Festival Hall.
 
«L’Eglise accepte pleinement que c’est désormais la loi»
 
Le principal sujet de controverse touche l’Eglise anglicane, empêtrée dans ses divisions et contradictions internes sur la question. Alors que la loi laisse aux religions la possibilité de célébrer, ou non, les unions homosexuelles, une exemption de taille a été prévue pour l’Eglise d’Angleterre afin de faire taire l’anxiété en son sein. Celle-ci ne peut donc célébrer de tels mariages et ne peut être poursuivie pour discrimination, ce qu’elle redoutait pour cette raison.
 
Mais, à l’heure des célébrations, certains membres de l’église dominante regrettent cette position. L’archevêque de Canterbury a lui-même mis de l’eau dans son vin. «L’Eglise accepte pleinement que c’est désormais la loi et doit continuer samedi à démontrer, en parole et en acte, l’amour du Christ pour tous les êtres humains», a déclaré Justin Welby dans le Guardian. L’Eglise qu’il dirige se voit confrontée aux revendications dans ses rangs de prêtres qui peuvent se marier s’ils sont hétérosexuels, conclure un contrat d’union civile s’ils sont homosexuels, mais pas épouser leur partenaire du même sexe, contrairement au commun des mortels.
 
Au moins sept membres du clergé prévoient de défier leur hiérarchie et convoler en «justes» noces malgré tout. Certains officiants anglicans souhaitent aussi bénir des mariages homosexuels. Un rapport de quatre évêques avait, en octobre dernier, plaidé dans ce sens. L’Eglise a même discrètement accepté l’an dernier l’ordination d’évêques gays… à condition qu’ils soient célibataires.
Boîte de Pandore
 
Ben Bradshaw, député travailliste gay, appelle l’Eglise d’Angleterre à apporter un peu de «clarté» dans cette «pagaille». Nigel Farage, leader du parti nationaliste UKIP (United Kingdom Independence Party), le seul opposé au mariage gay, estime qu’il va permettre une vague de poursuites judiciaires devant la Cour des droits de l’homme de Strasbourg contre l’Eglise d’Angleterre. Si un de ses élus locaux avait estimé que le vote de la loi était la cause des inondations de cet hiver, il a été exclu.
 
De nombreux députés conservateurs partagent toutefois la positions de l’UKIP, estimant que la réforme était une erreur de la direction du parti. Le premier ministre David Cameron s’en était fait l’apôtre, «non pas en dépit d’être un conservateur mais parce que je suis un conservateur», avait-il justifié.