Après une agression homophobe dans un club, un jeune italien se décide à porter plainte. Hélas, au commissariat, le soutien n’est pas vraiment au rendez-vous. Les associations LGBT italiennes montent au créneau
Tout commence sur la piste de danse de la boite de nuit Mon Amour à Rimini, en Italie, le 13 mars dernier. Un jeune gay italien, d’origine marocaine, se laisse tenter par un baiser de son petit ami. Très vite, selon le récit de ce garçon de 26 ans, le videur vient le chercher et le conduit à l’extérieur de l’établissement. Le tout en l’assaisonnant de quelques «tapette de merde» et en le menaçant de représailles s’il se représente. Le videur n’aurait d’ailleurs pas attendu pour passer à l’acte, revenant ensuite accompagné d’un collègue pour le passer à tabac, ce qui a valu un traumatisme crânien léger au jeune gay. Ce n’est que grâce à l’intervention d’un troisième vigile que les coups ont pris fin. De son côté la gérante de l’établissement dément l’existence d’une telle agression.
Toujours est-il que, selon leur récit, les deux amoureux sont d’abord restés cloitrés et choqués à leur domicile, avant de se décider à porter plainte. Mais une fois au commissariat, le soutien n’est pas vraiment au rendez-vous. «Si tu avais embrassé une fille, il ne te serait rien arrivé» aurait d’abord déclaré le policier qui a accueilli le jeune homme. L’agent a ensuite refusé de déclarer l’agression comme une agression homophobe, refusant même de parler de «compagnon» et qualifiant son partenaire de simple «ami».
«Il faut une loi»
«C’est un cas terrible d’homophobie. Depuis plusieurs jours nous suivons la victime et nous lui apporterons toute l’aide nécessaire, psychologique, comme juridique, pour l’accompagner dans cette épreuve» a vivement protesté Maura Chiulli, secrétaire de l’association LGBT Arcigay, alertée au même moment. Paolo Patanè, président nationale d’Arcigay, est consterné. «Cet incident grave nous montre qu’on ne peut plus reculer, il faut une extension de la loi Mancino, (loi de lutte contre les discriminations) pour les crimes commis en raison de l’orientation sexuelle».
En octobre dernier, après de longues discussions qui ont duré plus d’un an, un projet de loi prévoyant un délit d’homophobie a été définitivement enterré au Parlement italien. Et ce en dépit de violentes aggressions homophobes survenues dans plusieurs villes du pays, et notamment à Rome (lire article).