C’est hier qu’a débuté «Ze Festival», la nouvelle génération du festival de cinéma LGBT de Nice. TÊTU a rencontré l’un des organisateurs, qui explique pourquoi il a décidé de mettre cette année l’accent sur le cinéma arabe.
Très attendu, son dernier film est sorti hier en France. C’est à Nice que Gaël Morel a choisi d’aller le voir. Notre paradis (dont la bande-annonce est visible ici) inaugurait hier soir la quatrième édition du festival automnal de cinéma LGBT de la Côte d’Azur, plus connu sous le nom d’«Eté Indien». Ou plutôt «Ze Festival», c’est la nouvelle appellation de cet événement qui reste, en revanche, fidèle à sa vocation de défricheur.
A raison de deux ou trois projections par jour, dans diverses salles de Nice, dix-huit longs-métrages sont à l’affiche jusqu’au 7 octobre. Et pour la première fois, une douzaine de courts-métrages. Jacky Siret, le programmateur qui a mis l’accent sur le cinéma arabe, répond aux questions de TÊTU.
TÊTU: Pourquoi avez-vous rebaptisé le festival «Eté indien» en «Ze Festival» ?
Jacky Siret: C’est un clin d’œil à notre prestigieux voisin, le Festival de Cannes. On trouvait que le nom n’était plus vraiment significatif, qu’il manquait de connotation culturelle, LGBT ou cinéma. «Ze Festival» va nous permettre de faire la transition en douceur entre « l’Eté indien » qu’on lui a accolé cette année pour ne pas égarer les habitués et le futur nom qui sera sûrement «Ze Festival LGBT de Nice» dès l’année prochaine…
Comment la programmation est-elle conçue ?
On essaie de dégager une thématique chaque année. Vu l’actualité et notre proximité géographique avec l’Afrique du Nord, il nous a semblé évident de mettre à l’honneur le Printemps arabe. Mais il est très difficile de trouver des films LGBT traitant de la condition arabe ; il n’y en a pas beaucoup. Au Festival de Cannes où je fais un peu mon marché, j’ai trouvé Quelques jours de répit de Amor Hakkar qui viendra présenter mercredi, jour de sa sortie nationale, ce film avec Marina Vlady sur deux Iraniens qui passent la frontière. Dans les court-métrages, j’ai trouvé Hudûd, une petite perle de Federico Ariu, un Belgo-Iranien. Et dimanche, Everett Lewis présentera en avant-première mondiale Some far where qui a été tourné en Jordanie.
Quels seront les autres moments forts en matière de ciné ?
Outre celui que j’ai déjà cité, Everett Lewis présentera deux autres de ses films dimanche : Prends-moi et Lucky bastard (ci-dessous). The Ballad of Genesis and Lady Jade de Marie Losier, sur ce personnage qui a subi des tas d’opérations pour ressembler à sa copine sera projeté en avant-première mercredi. Lundi, ce sera une soirée filles consacrée à Maria Beatty qui viendra présenter son dernier film, the Return of post apocalyptic cowgirls. Le 7 octobre, Ze Festival s’achèvera sur l’Infidèle, un film expérimental pour lequel le réalisateur s’est enfermé une soirée avec un acteur porno. Il y aura aussi des inédits dans la région comme Ausente de Marco Berger jeudi et l’Homme qui aurait aimé vivre sa vie d’Oliver Hermanus mardi
Quelle est la spécificité de «Ze Festival»?
On a la chance d’être le premier de la saison. Ce qui nous permet de présenter beaucoup de films en primeur : cinq avant-première cette année dont une mondiale, trois sorties nationales et neuf inédits. Pour la première fois, on propose aussi une quinzaine de court-métrages dont une petite perle, Mathi(eu) de Coralie Prosper qui raconte l’histoire d’un collégien qui aspire à changer de sexe.
Et les autres moments forts ?
Les résultats du concours photos sur le thème Débauche et sentiments samedi à 11 heures et en soirée, le concert de King’s queer, un binôme très marginal et déjanté. Dimanche midi, brunch sur la plus belle terrasse du château de Nice, ce sera une vraie auberge espagnole où chacun apporte ce qu’il veut.
Comment vois-tu le cinéma LGBT évoluer ?
Il se calque sur l’actualité. J’ai vu beaucoup de films sur l’homoparentalité l’an dernier et sur les transgenres cette année, c’est pourquoi le dernier jour, on présente Roméos par exemple, un très beau film. A l’inverse, des thématiques ont disparu. Ca n’est plus possible de trouver des films traitant du sida, ça semble malheureusement complètement démodé. Est-ce qu’on va avoir des films sur l’homosexualité dans les pays arabes maintenant ? Je l’espère…
Pour plus d’information sur «Ze Festival» et la programmation complète, rendez-vous sur le site officiel de l’événemment.