Le gouvernement québécois a dévoilé il y a quelques jours les mesures contenues dans son Plan de lutte pour combattre l’homophobie dans la province canadienne. Le détail de ce dispositif presque unique au monde
Le Québec est en passe de ressembler au village d’Astérix. Alors que le Canada a dernièrement opéré un virage néfaste pour les gays et les lesbiennes en donnant la majorité absolue au parti ultraconservateur et réactionnaire de Stephen Harper, le gouvernement de la province francophone vient pour sa part de révéler un plan de lutte contre l’homophobie, sur cinq ans (2011-2016), pour lequel 7,1 millions de dollars canadiens (plus de cinq millions d’euros) ont été débloqués.
Il s’agit d’une initiative unique, dans le pays bien sûr mais aussi ailleurs en Amérique du Nord, voire dans le reste du monde. Le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier (ci-dessus), qui a détaillé son projet le 20 mai dans un centre culturel du quartier homo de Montréal, a ainsi affirmé que seul le Brésil pouvait se targuer d’avoir conçu un tel plan (entre temps, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a d’ailleurs fait un pas en arrière lire notre article)
Mieux comprendre la détresse des jeunes
Quatre «mesures phares» figurent au menu de celui-ci, à commencer par l’augmentation de l’aide allouée aux associations LGBT de la province. La plus grande partie de l’enveloppe accordée par le gouvernement concerne cet objectif. 3,6 millions de dollars canadiens sur cinq ans sont ainsi destinées à «bonifier le[s] actions actuelles et […] réaliser des projets d’information et de sensibilisation ». 200.000 dollars seront ajoutés à cette somme, pour des projets spécifiques, afin, notamment, d’approfondir les connaissances sur les besoins de la communauté.
Le Plan prévoit par ailleurs la mise en place d’une chaire de recherche sur l’homophobie, en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal (UQAM), une «première du genre dans le monde anglophone et une deuxième en Amérique du Nord après Harvard», a tenu à préciser le ministre.
475.000 dollars canadiens seront alloués pour des travaux permettant davantage de connaissance sur la problématique du suicide chez les jeunes GLBT et sur les meilleures méthodes pour combattre ce fléau. Ce projet devrait être dirigé par la chercheuse Line Chamberland, connue au Québec pour ses travaux de référence sur l’homophobie en milieu scolaire.
Des campagnes de pub en 2012 et 2014
Deux campagnes de sensibilisation verront également le jour en 2012 et 2014 dans toute la province. Enfin, un Bureau de lutte contre l’homophobie sera mis sur pied dans les prochains mois, afin d’assurer une bonne coordination entre les différents acteurs (notamment les onze ministères concernés).
Après son discours tenu devant la communauté LGBT, le ministre a été ovationné par la salle, preuve que les associations gays et lesbiennes (qui ont été à de très nombreuses reprises consultées par le gouvernement) approuvent cette initiative longtemps attendue. Laurent McCutcheon, fondateur de Gai Écoute, organisme qui vient en aide aux personnes (notamment les jeunes) dans la détresse, a salué ce plan qui est «le fruit d’une très longue démarche» après des années de lutte.