Après la révélation de dysfonctionnements majeurs au sein du Refuge, les bénévoles de l’antenne de la Mayenne ont collectivement démissionné. Ils comptent ouvrir une antenne d’une autre association qui combat les LGBTphobies.
C’est le scénario redouté au Refuge. En Mayenne, tous les bénévoles ont annoncé leur démission collective. Cette démission de la vingtaine de bénévoles date de l’été dernier. Mais elle a été rendue publique après la publication d’un rapport qui met en évidence des dysfonctionnements majeurs au sein de l’association. Et la démission de Nicolas Noguier (président) et de Frédéric Gal (directeur général) n’y a rien fait.
"Des soucis avec nos responsables, au niveau national"
"Il y a des choses qui ne collaient pas du tout. Nous avions des soucis avec nos responsables, notamment au niveau national. J’ai annoncé ma démission à l’équipe le 4 juillet. Du coup, tous les membres ont aussi démissionné par solidarité", indique à Ouest-France, Dominique Supiot, référent en Mayenne. Pendant l’été, huit autres départements auraient suivi la même trajectoire que la Mayenne, selon le journal régional. Le Collectif des anciens jeunes et anciens bénévoles du Refuge a salué cette décision.
Le référent local témoigne du "management très violent, des comportements pas acceptables…". L’antenne de Mayenne a été créée récemment, en 2019, pour "présenter Le Refuge et faire la promotion de la ligne d’appels d’urgence nationale (06 31 59 69 50, disponible 7j/7 24h/24), qui reçoit 1 800 appels par an. Nous ne faisions pas d’accueil, c’est Rennes et Angers qui s’en chargeaient localement", poursuit le référent.
Le management erratique est au cœur des dysfonctionnements signalés par un rapport de diagnostic du BCG, que TÊTU a dévoilé en exclusivité. 53% des ancien·ne·s salarié·e·s qui ont répondu au cabinet d’audit disent ne pas être fier·e·s d’avoir travaillé au Refuge. Le rapport déplore un manque de "professionnalisation" de l’association, en raison de sa croissance rapide.
"La parole homophobe s’est libérée"
En Mayenne, Le Refuge doit s’occuper de quelques deux à quatre cas de jeunes victimes de discriminations par an. "On aurait voulu que l’activité continue, car la réalité est terrible : la parole homophobe s’est libérée, les actes anti-LGBT se multiplient. En plus, nous avions fait un vrai travail en Mayenne : nous étions allés à la rencontre des associations, des élus…", pointe Dominique Supiot à Ouest-France.
L’équipe de bénévoles ne compte pas pour autant se dissoudre. Elle a pris attache avec l’association Contact qui s’attache plus au dialogue entre parents et jeunes LGBTQI+ qu’à l’hébergement. L’objectif est d’organiser des groupes de parole autour des thématiques LGBTQI+ à destination des personnes concernées et de leurs proches.
Des réponses du conseil d’administration
Pour limiter la casse, le conseil d’administration national du Refuge a choisi la rupture avec les pratiques de Nicolas Noguier et de Frédéric Gal, qui ont fondé l’association. Parmi plusieurs mesures importantes pour la fondation, le conseil d’administration a poussé le président et le directeur général à quitter l’association. Un signalement a été effectué auprès du procureur de la République de Montpellier. En guise d’adieux, Nicolas Noguier a publié un tweet ayant pour légende "ensemble, nous irons toujours plus loin".
La ministre en charge de l’égalité a regretté qu’une "présidence d’honneur" soit proposée au fondateur du Refuge. Le ministère entend engager une ou plusieurs enquêtes administratives et réfléchit à la réaction la plus adéquate. Élisabeth Moreno a tout de même tenu à saluer l’importance du Refuge et l’engagement des salarié·e·s et bénévoles.
- SOURCE TETU