Depuis 1983, les homosexuels et bisexuels masculins n’ont pas le droit de donner leur sang. L’Agence des médicaments américaine envisage de le leur permettre à condition qu’ils n’aient pas eu de rapport sexuel depuis un an.
Les Etats-Unis veulent lever l’interdiction à vie imposée depuis 1983 aux homosexuels et bisexuels masculins de donner leur sang, à la condition qu’ils n’aient pas eu de rapport un an auparavant comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, dont le Royaume-Uni. L’Agence des médicaments (FDA) «va prendre les mesures nécessaires pour recommander un changement dans l’interdiction actuelle faite aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes de donner leur sang si leur dernier rapport remonte à un an», a indiqué mardi sa directrice, la Dr Margaret Hamburg, dans un communiqué. A cette fin, la Food and Drug Administration entend publier en 2015 un projet de recommandation pour ce changement de politique, qui sera ensuite soumis aux commentaires des parties prenantes avant une éventuelle finalisation.
Cette initiative intervient après la multiplication des appels émanant des milieux médicaux, des groupes gays et même au sein du Congrès américain contre cette interdiction jugée discriminatoire et sans justification scientifique. La FDA précise avoir «soigneusement examiné ces dernières années, en collaboration avec d’autres agences fédérales, les données scientifiques disponibles dont les résultats de plusieurs études récentes ainsi que les recommandations de comités consultatifs d’experts indépendants du ministère de la Santé et de la FDA».
«C’est une grande victoire pour les droits civiques des gays», a réagi Glenn Cohen, un professeur de droit à l’Université de Harvard, spécialisé en bioéthique. «Nous abandonnons l’ancienne croyance selon laquelle tous les homosexuels sont une source potentielle d’infection», a-t-il ajouté sur Twitter. Dans un éditorial publié par le Journal of the American Medical Association, il avait estimé que les Etats-Unis étaient en retard sur cette question par rapport à beaucoup d’autres pays, qui ont déjà abandonné l’interdiction aux homosexuels de donner leur sang. Il citait notamment l’Australie, le Japon et le Royaume-Uni qui ont adopté une disposition imposant une période de douze mois sans relations sexuelles. L’Afrique du Sud impose une période d’abstinence similaire à tous les donneurs de sang potentiels, quelle que soit leur orientation sexuelle.
La période durant laquelle les analyses ne peuvent pas détecter la présence du VIH est plutôt courte, mais les scientifiques s’accordent à estimer qu’une durée d’un an est amplement suffisante pour s’assurer qu’une personne n’est pas infectée. Les avancées scientifiques permettent de réaliser rapidement des analyses de sang pour détecter la présence du virus du sida ainsi que d’autres agents pathogènes. Les opposants à tout assouplissement de cette interdiction font valoir qu’on ne peut pas, à ce stade, garantir l’absence totale de risque de contamination. «A moins de prouver scientifiquement qu’un assouplissement en matière de dons de sang n’entraînera aucun risque, il ne faut pas modifier la politique actuelle, car même un léger accroissement du risque est inacceptable», avait dit Peter Sprigg, de l’organisation conservatrice Family Research Council, lors du dernier comité d’experts de la FDA.
Selon une étude publiée en 2010 par l’université de Californie à Los Angeles, une levée complète de cette interdiction n’accroîtrait la quantité totale de sang collecté aux Etats-Unis que de 2 à 4%.
- Source LIBERATION