«Nul ne peut être exclu du don de sang en raison de son orientation sexuelle». Cet amendement au projet de loi santé a été adopté vendredi soir à l’unanimité par les députés, ouvrant enfin la possibilité aux hommes homosexuels de donner leur sang, après trente ans d’interdiction.
François Berdougo, porte-parole de l’Inter-LGBT chargé de la santé, donne son sentiment.
On vous imagine satisfait par le vote de cette mesure…
Oui, c’est symboliquement très fort. Il est désormais inscrit dans la loi qu’on ne peut pas exclure un groupe entier de population, en l’occurrence les hommes homosexuels, du don du sang sur le seul critère de leur orientation sexuelle. Cela met fin à une discrimination perçue, et en ce sens, c’est une réelle avancée. Maintenant, il va falloir réfléchir à la mise en place de protocoles, de moyens pour que la sécurité des transfusions soit absolument garantie. C’est un enjeu essentiel de santé publique.
De quand datait cette interdiction ?
1983, nous étions en plein scandale du sang contaminé. Plusieurs pays, dont la France, ont décidé d’exclure tous les hommes homosexuels des donneurs. Rappelons que les premiers tests de dépistage ne datent que de 1985. La situation a depuis bien évolué, même si sur ces questions du don de sang, on ne peut pas avoir une vision binaire ou manichéenne. C’est plus compliqué.
Que voulez-vous dire?
Ce n’est pas un fantasme des institutions de dire que le risque de contamination au VIH lié au don du sang est plus élevé pour les gays. L’Institut de veille sanitaire (InVS) le rappelait il y a peu : aujourd’hui en France, un homme homosexuel a 200 fois plus de risque de contamination par le VIH au cours d’une relation sexuelle qu’un hétéro ou une femme homo. On ne peut pas faire abstraction de cette donnée scientifique.
Mais des tests de VIH sont effectués systématiquement avant un don du sang…
Oui, bien sûr, mais le risque zéro n’existe pas, quel que soit le donneur. Les tests VIH ne permettent pas de détecter une contamination dans les douze jours précédant l’examen. C’est pour cette raison d’ailleurs, que tout donneur de sang doit répondre à un questionnaire au préalable : les hétéros disant avoir eu des comportements à risque, et par exemple plusieurs partenaires sexuels au cours des quatre derniers mois, sont écartés. Ils ne peuvent pas donner leur sang. On pourrait très bien envisager des protocoles similaires pour les homosexuels : que ceux qui ont des pratiques à risque s’autoexcluent. C’est tout l’enjeu aujourd’hui.
- SOURCE LIBERATION