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 d’ADHEOS

Le porte-parole de l’Association des parents gays et lesbiens réagit au cas relaté par TÊTU de ce Français gay dont les enfants, nés par mère porteuse, restent bloqués en Inde par l’administration française
 
 
Le cas de ce Français gay bloqué en Inde avec ses enfants, parce que ses jumeaux nés dans ce pays par mère porteuse ne sont pas reconnus par la France (lire article), est symptomatique de la situation aberrante dans laquelle peuvent se retrouver aujourd’hui des homos (comme des hétéros) qui ont recours à cette solution, pourtant légale dans certains pays, comme l’Inde. Il suscite également un grand nombre de questions, auquel répond pour TÊTU Philippe Rollandin, le porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gay et lesbien (APGL).

 
Avez-vous suivi le cas de ce papa gay bloqué en Inde avec ses jumeaux? Comment l’analysez-vous?
Philippe Rollandin (photo): Plusieurs journaux indiens ont parlé de ce «French gay» bloqué en Inde par le Consulat français qui, selon nos informations, refuse de lui délivrer un passeport lui permettant de rentrer en France avec ses deux bébés nés en avril. La transcription des actes de naissance du service de l’état civil en France lui a été également refusée par le ministère des Affaires étrangères. Il y a quelques semaines, un Israélien a été confronté au même problème et d’autres couples de même sexe et hétérosexuels, de différentes nationalités, sont dans la même situation.
 
La procédure de GPA en Inde n’est pas cadrée de la même manière que dans d’autres pays. L’absence du nom de la mère dans les actes de naissance peut poser des problèmes. Il faut savoir que, en Inde, l’accès à la Gestation pour autrui pour les étrangers et particulièrement pour les gays fait, en ce moment, l’objet d’un débat. Pour éviter les problèmes diplomatiques, un projet de loi indien, en cours de discussion, prévoit que tout étranger demandant une GPA dans ce pays devra avoir l’accord préalable de son gouvernement ou de son consulat. On imagine les conséquences si cette loi était votée. Les hôpitaux et les cliniques qui, en Inde, pratiquent la GPA n’y sont pas favorables car – pardon pour le coté cynique – pour eux, il s’agit d’un véritable marché. Du coup, les médias sont sensibilisés à cette question et focalisent leur attention sur quelques cas d’espèce. Nous espérons que ce Français pour lequel le recours à une Gestation pour autrui est le fruit d’un véritable projet parental pourra rapidement rentrer en France avec ses deux enfants.
 
«L’interdiction de la GPA en France est la porte ouverte à toutes les dérives.» Pourquoi les gens se tournent-ils vers ce pays pour faire une GPA? Est-ce une idée à conseiller à ceux qui recherchent une GPA?
Ph. R: Nous ne conseillons rien à personne parce que toute notre démarche s’inscrit dans le respect de la loi. Mais nous sommes favorables à une légalisation de la Gestation pour autrui dans un cadre strict, évitant toutes les dérives et dans l’intérêt de l’enfant. Nous nous battons pour cela. Pourquoi, les gens se tournent-ils vers l’Inde? Une des raisons est sans doute le coût moins élevé qu’il peut l’être dans d’autres pays. Cet aspect économique de la question est choquant. Elle est la porte ouverte à toutes les dérives et à toutes les inégalités que l’interdiction prétend justement évacuer.
 
Mais le problème dans le cas présent n’est pas l’attitude de l’Inde, ce sont les blocages de l’administration française… Est-ce une situation fréquente? Qu’en pensez-vous?
Ph. R: Vous avez tout à fait raison. On estime que chaque année, plusieurs centaines de couples de même sexe ou hétérosexuels se rendent à l’étranger pour recourir à une mère porteuse. Leur retour en France pose parfois des problèmes mais pas ceux que l’on imagine. Ils sont rarement inquiétés pour le fait d’avoir eu recours à une Gestation pour autrui mais sur la question administrative de la transcription dans l’Etat civil français des actes de naissance de leur enfant. C’est le cas emblématique des époux Mennesson pour lesquels, après dix ans de procédures, la filiation avec leurs enfants nés de mère porteuse aux Etats-Unis est reconnue mais pour autant, ceux-ci ne sont pas reconnus comme français. On nage en pleine hypocrisie.
 
A l’APGL, nous demandons un vrai débat de fond sur la GPA, un débat qui dépasse la question de la manière de faire des bébés pour poser celle – essentielle à nos yeux – du projet parental qui légitime le recours à une mère porteuse. De ce point de vue, le projet de loi de révision des lois de bioéthique – tel qu’on le connait – est un grand rendez-vous manqué