Joyce Banda vient de faire machine arrière: elle estime que son peuple n’est pas prêt à accepter une décision d’une telle ampleur et craint des violences homophobes si une loi était votée envers et contre tous.
L’annonce avait fait l’effet d’une bombe. En mai, la présidente du Malawi, Joyce Banda (photo), avait déclaré que «les lois sur l’indécence et les actes anormaux devraient être abrogées». L’un des objectifs: normaliser les relations du petit pays d’Afrique australe avec «les partenaires traditionnels de développement (…) mal à l’aise avec nos mauvaises lois». Mais elle a fait volte-face mercredi dernier à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU.
Forcer la dépénalisation, dangereux?
«Quiconque a entendu le débat au Malawi réalise que les Malawites ne sont pas prêts pour gérer cela maintenant, a souligné la féministe de 62 ans dans une interview accordée à l’Associated Press. Moi, en tant que chef, je n’ai aucun droit d’influencer comment les gens se sentent. (…) Là où en sont le Malawi et la plupart des pays africains est peut-être là ou les Etats-Unis ou le Royaume-Uni se trouvaient il y a 100 ans. La meilleure chose que le monde puisse faire est de laisser chaque pays faire sa route, laisser chaque pays avoir ce débat librement, sans la pression d’être forcé».
L’ex-ministre de l’Egalité des sexes et des Affaires étrangères estime que forcer la dépénalisation pourrait se révéler dangereux pour les gays et lesbiennes. «On a vu des pays où des homosexuels ont été tués. Pourquoi? Parce que, selon moi, le pays – la nation – n’était pas prêt», a-t-elle indiqué lors de l’interview.
Les lesbiennes aussi concernées
En 2010, deux hommes accusés de s’être mariés ont été condamnés à 14 ans de prison (la peine maximale). Sous la pression internationale, ils ont été graciés par l’ex-chef de l’Etat Bingu Wa Mutharika. En janvier 2011, il a promulgué l’article 137A sur les «pratiques indécentes entre femmes» car les lesbiennes n’étaient pas ciblées par la pénalisation de l’homosexualité. Désormais, elles encourent cinq ans de prison (lire article).
Bingu Wa Mutharika, qui avait traité les homosexuels de «chiens», est décédé début avril. Joyce Banda remplacera Bingu Wa Mutharika jusque la fin du mandat qu’il n’a pu terminer, en 2014. Elle est la deuxième femme présidente d’un pays africain après la Libérienne Ellen Johnson-Sirleaf.
- Source TETU